Les parents québécois ont dû payer de plus en plus cher pour l'éducation de leurs enfants depuis 2011. Une augmentation des coûts qui n'est pas épongée par le chèque de 100 $ qu'ils recevront de la part du gouvernement, dénoncent des experts.
«C’est une manœuvre de diversion à l’aube de la période électorale. C’est du cynisme pur et simple», s’est indigné Gérald Larose, professeur d’économie sociale à l’UQAM.
Le ministre des Finances Carlos Leitao a annoncé mardi que les familles québécoises recevront 100$ par enfant en âge d’aller à l’école pour contribuer à l’achat de matériel scolaire. Cette mesure est rétroactive à septembre dernier.
L’annonce s’inscrit dans le cadre de la mise à jour économique du gouvernement Couillard, qui fera profiter les Québécois d’une baisse d’impôt d’au maximum 278 $ par année.
Or, selon des chiffres de Statistique Canada datant de 2015, les ménages québécois dépensent en moyenne 114 $ pour l’achat de manuels et fournitures scolaires, soit plus que le 100 $ annoncé mardi par le gouvernement.
Si on ajoute les frais de scolarité et autres coûts pour des services éducatifs, les ménages québécois dépensaient près de 900 $ par année en 2015 en éducation. Ce chiffre augmente plus vite que l’inflation avec une hausse de 16 % depuis 2011, année où ils ont dépensé 774 $.
Cet été, les parents québécois s’attendaient à payer environ 192 $ pour la rentrée scolaire de leur enfant, selon un sondage réalisé par le site de remise en argent Ebates. Cette somme inclut toutefois les vêtements et chaussures, en plus des fournitures scolaires.
«Saccage»
«Il n’y a pas eu assez d’investissement en éducation par le passé. Ce n’est pas en saupoudrant des petits chèques qu’on va régler les problèmes», s’est exclamé France Latreille, directrice de l’Union des consommateurs, à propos de la mise à jour économique.
«C’est une tentative de séduction pré-électorale», a-t-elle ajouté.
Le professeur Gérald Larose considère quant à lui que l’annonce sert à «faire oublier le saccage du bien collectif [que les libéraux] viennent de faire subir au réseau» de l’éducation.
«S’amuser à donner un 100 $ une fois n’a rien à voir avec la revendication de la gratuité scolaire. [...] Remettre quelques millions dans les cinq prochaines années après avoir coupé des milliards dans les trois dernières années est de la même farine», a dit M. Larose.
Surfacturation
L’annonce survient près de deux mois après que le ministre de l’Éducation Sébastien Proulx eut promis de mettre fin à la surfacturation des parents pour du matériel scolaire.
Plusieurs commissions scolaires sont d’ailleurs visées par un recours collectif de parents qui les accusent de ne pas faire respecter le principe de gratuité scolaire.
Le ministre a mandaté la Fédération des comités de parents pour qu’elle se penche sur la question des frais abusifs. Des recommandations devraient être émises en décembre.