Une dizaine de travailleurs du chantier maritime Davie se sont rendus à Ottawa lundi pour rencontrer les ministres de la Défense nationale et des Transports.
Afin d’éviter les pertes d'emplois, ils voulaient retourner vers Lévis avec un engagement clair du fédéral. Mais ils sont plutôt repartis les mains vides.
«Huit cents emplois vont se perdre avant les Fêtes, déplore le président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon, Régent Guay. Il va en rester 350-400 pour aller jusqu'au printemps.»
Les travailleurs de la Davie supplient le gouvernement Trudeau de revoir sa décision. Le chantier doit pouvoir, selon eux, construire un second ravitailleur pour la Marine canadienne. Faute de quoi, les emplois et l'expertise seront perdus.
«Je pense qu'un peu de bonne volonté et une petite lettre d'intention ou quelque chose, un projet à venir, bien, les travailleurs qui ont à sortir, qui ont une période de chômage à faire, ils vont la faire!» soutient M. Guay.
«Dans le cas du deuxième ravitailleur, la Marine canadienne n'en a pas besoin», précise le ministre des Transports Marc Garneau.
Une pluie d'accusations
Les travailleurs ont pu s'entretenir avec les ministres, qui n'ont pas l'intention d'exiger la construction du second ravitailleur, l'«Obélix». Devant les pertes d'emplois à venir à la Davie, conservateurs et libéraux s'accusent.
Le député conservateur dans Bellechasse-Les Etchemins-Lévis est estomaqué: «Sur quelle planète vit la ministre des Transports pour oser déclarer: "On ne peut pas créer artificiellement un besoin qui n'existe pas"? Allo, la Terre! Le "Preserver" et le "Protector" sont caput!» lance Steven Blaney.
«Où il était, lui, quand le gouvernement a mis en place la stratégie de construction navale? Je vais vous le dire! Il était autour de la table du Conseil des ministres! Il n'a rien fait!» réplique le ministre Garneau.
Mais les réponses du gouvernement sont loin de satisfaire les travailleurs et les partis de l'opposition.
«C'est vraiment une injustice honteuse de Justin Trudeau envers la Davie!» clame la cheffe du Bloc québécois, Martine Ouellet.
L'opposition accuse le gouvernement de laisser tomber les travailleurs québécois. Les députés libéraux fédéraux du Québec sont aussi montrés du doigt.
«Ils ne lèvent pas le petit doigt. Ils ne disent rien à propos de la Davie», tonne le député du NPD Alexandre Boulerice.
Les travailleurs exigent maintenant une autre rencontre avec les ministres du gouvernement Trudeau avant Noël. Car, pour le moment, l'espoir de préserver les emplois diminue.
-D’après un reportage de Michelle Lamarche