L’année 2017 aura été marquée par plusieurs phénomènes importants au Québec. Que ce soit sur le plan politique avec l’élection de nombreuses femmes aux dernières municipales, dans le monde du spectacle, chamboulé par les révélations concernant Éric Salvail et Gilbert Rozon, ou du côté de la météo, qui s’est avérée particulièrement menaçante. Retour en textes et en images sur neuf mouvements marquants de 2017.
1. Les inondations du printemps
En avril et jusqu’au début du mois de mai, une série d’inondations frappent violemment le Québec. Entraînées par la fonte des neiges et des pluies abondantes, elles toucheront en tout 261 municipalités, endommageant environ 5000 résidences et forçant l’évacuation de plus de 4000 personnes dans toute la province ou presque.
L’état d’urgence a notamment été décrété à Montréal, Laval et Rigaud. Les Forces armées canadiennes ont été mobilisées pour venir en aide aux sinistrés. Devant l’ampleur des dégâts, Québec a mis en place un fonds d’indemnisation des sinistrés de 350 millions $.
Cependant, huit mois après les événements, de nombreux sinistrés n’ont toujours pas reçu leur indemnisation et s’impatientent devant la lourdeur administrative du ministère de la Sécurité publique.
2. Les migrants haïtiens se réfugient au Québec
En juillet et en août, des milliers de migrants haïtiens venus des États-Unis se pressent pour traverser illégalement la frontière du côté du Québec, à Saint-Bernard de Lacolle et demander asile au Canada. Ils veulent éviter d’être reconduits en Haïti par les autorités américaines.
Au plus fort de la crise, ce sont des centaines de personnes qui traversent chaque jour la frontière, parfois des familles entières, n’emportant avec eux que quelques légers bagages pour demander l’asile au Canada.
Au début du mois d’août, plus d’une centaine de lits sont installés dans le Stade olympique de Montréal, qui est transformé en centre d’hébergement temporaire pour faire face à cet afflux de migrants.
3. Les femmes prennent le pouvoir
Les élections municipales d’octobre portent un nombre record de femmes au poste de mairesse. Elles sont pas moins de 210 à avoir pris la tête d’une municipalité, soit 20 de plus qu’en 2013 et 35 de plus qu’en 2009.
La plus médiatisée d’entre elles est bien sûr la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui en a surpris plus d’un en remportant la course face à Denis Coderre.
Pour la première fois de son histoire, Montréal compte plus de femmes que d’hommes élus. Les électeurs de Longueuil, Brossard, Magog et Lac-Mégantic ont eux aussi porté des femmes au pouvoir.

Dario Ayala / Agence QMI
4. La chute de Rozon, Salvail et Brûlé
Dans la foulée du scandale sexuel impliquant le producteur hollywoodien Harvey Weinstein, le mouvement #MeToo donne lieu à une série de dénonciations d’agressions sexuelles à travers le monde. Au Québec, l’animateur Éric Salvail est le premier à être visé par des allégations, en octobre. D’anciens collaborateurs dénoncent son inconduite sexuelle. Quelques jours plus tard, c’est le producteur Gilbert Rozon qui fait face à des allégations d’agressions sexuelles. Celles-ci donnent lieu à plusieurs plaintes, dont certaines déposées par des personnalités comme les animatrices Julie Snyder ou Pénélope McQuade. Visé lui aussi par une plainte pour agression sexuelle de la part de l’écrivaine Jill Côté ainsi que par plusieurs allégations d’inconduite et d’agressions sexuelles, l’éditeur Michel Brûlé se retire de la course à la mairie de l’arrondissement montréalais du Plateau.
5. Les Québécois face aux tempêtes dans le Sud
Début septembre, l’ouragan Irma se dirige vers Cuba et la Floride (photo), après avoir ravagé les îles de Barbuda, Saint-Barthélemy, et Saint-Martin. Des milliers de Québécois, vacanciers ou résidents, craignent pour leur vie et leur propriété, et tentent par tous les moyens de fuir à temps pour éviter cet ouragan, le plus puissant jamais enregistré dans l’Atlantique Nord. À Cuba, certains réussissent à trouver un vol pour le Québec. D’autres sont forcés de rester sur place et d’affronter Irma.
Plusieurs accusent le gouvernement et leur compagnie aérienne de les avoir abandonnés.
En Floride, les dégâts seront inférieurs à ce qu’on pouvait craindre, même si plusieurs snowbirds perdent leur maison mobile, soufflée par les vents violents.
6. L’extrême droite affiche ses couleurs
L’année aura été marquée par l’éclosion ou l’affirmation de plusieurs groupes nationalistes associés à l’extrême droite et mobilisant leurs membres contre l’islam et l’immigration. Parmi eux, le plus populaire est sans doute La Meute (photo), une organisation qui s’est signalée par plusieurs manifestations dans la ville de Québec au cours des derniers mois. En novembre, le groupe, épaulé par des membres des organisations Storm Alliance et Atalante, a dû faire face à la virulente opposition de militants antifascistes venus dénoncer « le racisme et l’exclusion ». L’intervention de l’escouade antiémeute a été nécessaire pour éviter un affrontement.

Daniel Mallard/Agence QMI
7. Une grève paralyse le secteur de la construction
Mi-mai, les travailleurs de la construction du Québec déclenchent une grève générale illimitée devant l’échec de leurs négociations avec la partie patronale pour le renouvellement de leur convention collective. Environ 175 000 travailleurs se mobilisent. Ils souhaitent notamment des horaires plus souples pour pouvoir profiter de leur famille. Après une semaine de grève, les députés de l’Assemblée nationale finissent par voter, le 29 mai, une loi spéciale forçant les ouvriers à reprendre le travail. Le texte de loi prévoit le maintien de la précédente convention collective en attendant qu’un accord soit trouvé sur un nouveau document, ainsi qu’une augmentation de 1,8 % des salaires des travailleurs.
8. L’industrie du cannabis
À quelques mois de l’entrée en vigueur de la légalisation du cannabis, prévue pour juillet 2018, l’industrie du pot s’active au Québec. Si le business de l’or vert intéresse de nombreux acteurs, des grosses entreprises aux petits agriculteurs, s’y tailler sa place n’est pas si simple.
Plusieurs aspirants producteurs déplorent les exigences extrêmement strictes de Santé Canada, l’organisme chargé de délivrer les licences de production industrielle. D’autres se plaignent de la longueur du traitement des dossiers. En novembre, Le Journal apprend que le retard pris par le Québec est tel qu’il paraît très improbable que les producteurs québécois puissent répondre à la demande l’été prochain.
9.Le projet de loi 62 crée la polémique
À la mi-octobre, l’Assemblée nationale adopte le controversé projet de loi 62 concernant la neutralité religieuse de l’État. Le texte impose la livraison et la réception des services publics à visage découvert. Interrogée à plusieurs reprises sur la définition précise d’un « visage découvert », la ministre Vallée semble parfois se contredire, prêtant le flanc aux critiques des opposants au texte.
Par ailleurs, les accommodements raisonnables prévus dans le texte de loi restent toujours à définir. C’est ce qui a entraîné au début du mois de décembre la suspension de l’article principal de la loi, qui ne pourra être appliqué qu’une fois les accommodements précisés.