Le homard souffre-t-il vraiment lorsqu’il est plongé dans l’eau bouillante? Le débat fait rage depuis que la Suisse a décidé d’interdire cette pratique sur l’ensemble de son territoire.
Selon Jean Côté, qui est biologiste et directeur scientifique du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie, cette question ne fait pas consensus au sein de la communauté scientifique.
«Ce n'est pas un débat qui est nouveau, affirme-t-il en entrevue avec Denis Lévesque. La question de savoir si le homard ressent vraiment la douleur, ça fait l'objet d'un débat depuis longtemps. Les scientifiques n'ont pas vraiment la réponse à cette question-là. Mais il y a deux écoles de pensée, et comme je dis, le débat est un peu stérile. Tout dépend, évidemment, de votre sensibilité aux animaux et à la cruauté envers les animaux.»
M. Côté ne croit pas qu’il faille comparer la sensibilité d’un homard à celle d’un être humain.
«Ça me fait rire quand on compare l'humain à un homard, dit-il. Vous savez, le homard, c'est plus proche d'un insecte que d'un humain, d'un chat ou d'un chien. Ça n'a pas un cerveau comme nous, c'est un invertébré, ça a un système nerveux, mais c'est plus un réseau à l'intérieur avec quelques petits ganglions, mais ça ne ressent pas la douleur comme nous. Donc, c'est une mauvaise comparaison.»
Pour sa part, le biologiste ne croit pas que le homard souffre lorsqu’il est immergé dans l’eau chaude.
«Moi, personnellement, je trouve ça difficile de penser qu'ils ressentent la douleur autant que nous, parce que, justement, ils n'ont pas un système nerveux tellement développé, soutient-il. Et vous savez, on parle de ressentir la douleur, mais le homard, contrairement à nous, peut avoir un réflexe dans un combat, par exemple, de laisser aller un de ses membres pour pouvoir se sauver. Nous, ça nous ferait très mal de nous détacher un bras pour pouvoir nous sauver. Ce n'est pas le cas du homard.»
La loi suisse, qui stipule que les crustacés «devront désormais être étourdis avant d'être mis à mort», notamment avec des chocs électriques, n’est pas idéale selon Jean Côté.
Cette nouvelle réglementation interdit également de placer les homards sur la glace ou en état de réfrigération tant qu’il est vivant. M. Côté ne croit toutefois pas que cette mesure aura un impact important sur les exportations de homard en Europe.
«Je vous dirais qu'ici en Gaspésie on ne se sent pas trop touchés par ça, souligne-t-il. Les industriels pourraient vous le dire, les gens qui achètent le homard aux pêcheurs et qui le revendent, mais à mon avis, notre marché principal en exportations c'est les États-Unis. Et ensuite, ça va être l'Asie, et peut-être l'Europe plus tard. Donc, je ne crois pas. Mais il faut dire que dès qu'il y a quelque chose qui va avoir un impact sur le marché du homard, ça pourra jouer sur les prix et sur la disponibilité. C'est sûr.»