Il n’est pas vraiment facile de maîtriser le temps. Dans leur nouveau spectacle «Temporel», présenté jusqu’au 27 janvier à la Cinquième salle de la Place des Arts, Michel Lemieux et Victor Pilon réussissent toutefois à illustrer le temps qui passe de manière poétique et onirique.
Au levée du rideau, un homme âgé, entouré d’une multitude de livres, semble totalement absorbé par ses souvenirs. Il va être bousculé par des bribes de son existence qui lui reviennent en projections vidéo insérées dans l’espace.
Chaque tableau crée un univers immatériel plus vrai que la réalité, d’autant plus qu’une interaction se crée entre les personnages et leurs doubles virtuels. À un moment, on ne sait plus ce qui est réel et ce qui fait partie de l’imaginaire.
Précision du geste
Patrick Léonard, cofondateur de la troupe Les 7 doigts de la main, excelle dans l’art de faire vivre des personnages burlesques. Il l’a prouvé récemment dans «Patinoire», présenté jusqu’à la semaine dernière à la Tohu. Il le démontre encore dans «Temporel», où il campe cet homme sans âge qui revisite sa vie.
Grâce aux projections vidéo et aux effets visuels, il va tour à tour revivre son enfance, son adolescence, et sa période de jeune adulte fougueux. Le thème de la disparition reste également en toile de fond, que ce soit la disparition du temps, mais aussi du corps, qui s’évanouit, par exemple, dans un canapé ou dans une trappe.
«Temporel» n’est pas un spectacle de cirque où l’on s’attend à des prouesses physiques, même si plusieurs tableaux requièrent une certaine virtuosité athlétique.
Les trois interprètes (Isabelle Chassé, Patrick Léonard et Gisle Henriet, qui incarne le maître du temps) offrent toutefois des performances acrobatiques et chorégraphiques réussies.
L’humain et la technologie
Comme pour le spectacle «Toruk – le premier envol» que Michel Lemieux et Victor Pilon ont imaginé pour le Cirque du Soleil, en 2015, «Temporel» nous transporte dans un autre univers. Totalement couplés au spectacle vivant, les projections vidéos et les effets interactifs en direct permettent de pousser l’onirisme encore plus loin, jusqu’aux frontières de la magie.
Omniprésente, la musique lancinante et quasi hypnotique de Julien Mineau, ancien de Malajube, accompagne parfaitement l’action sur scène, alors que la chanson de Ferré, «Avec le temps», retentit en fin de spectacle comme un résumé de tout ce que l’on vient de voir.
Tout en questionnant notre propre rapport au temps et à la vie qui s’écoule, «Temporel» offre une magnifique expérience imaginaire, drôle et poétique.