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Banque du Canada: le taux directeur grimpe à 1,25 %

La majorité des indicateurs économiques sont au vert pour la Banque du Canada, qui a haussé mercredi son taux directeur à 1,25 % après plusieurs mois de prudence. L’endettement des ménages et le protectionnisme américain restent toutefois des facteurs d’inquiétudes.

«Les données récentes ont été robustes, l’inflation se situe près de la cible et l’économie tourne à peu près à son potentiel», a indiqué l’institution dans un communiqué.

La Banque note une forte progression de l’emploi, qui se traduit pour les ménages par une consommation et des investissements «plus robustes qu’escomptés». Selon les dernières données de Statistiques Canada, le chômage est à 5,7 % au pays, son taux le plus bas depuis 1976.

«Avec une économie en aussi bonne forme, nous pouvons nous permettre d’être confiants», a commenté le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, en conférence de presse.

La hausse du taux d’intérêt mettra vraisemblablement de la pression sur les ménages fortement endettés, a néanmoins prévenu la Banque, qui prévoit un ralentissement de la consommation.

Une économie qui tourne à plein régime

Le Rapport sur la politique monétaire de la Banque projette une croissance du PIB de 2,2 % en 2018 et de 1,6 % en 2019, un rythme plus soutenable pour l’économie canadienne. Le taux de 3 % observé en 2017 était le signe d’une économie tournant «aux limites de sa capacité».

Incidemment, les ressources inutilisées sur le marché du travail se sont résorbées plus rapidement que prévu et l’inflation s’est stabilisée autour de 2 %, ce qui correspond aux attentes de la Banque.

«Les dépenses en immobilisations, la création d’entreprises, le taux d’activité et le nombre d’heures travaillées affichent tous des signes prometteurs», a ajouté l’institution.

L’ALENA brouille les pistes

Si les entreprises investissent de manière soutenue dans l’économie, leur optimisme est freiné par l’incertitude sur l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

En dépit d’une économie mondiale appelée à croître de 3,5 % jusqu’en 2019 et une accélération de l’activité aux États-Unis, les différends sur le libre-échange et le protectionnisme américain refroidissent des entreprises et laissent entrevoir des effets négatifs sur le commerce extérieur.

«C’est un inconnu important, mais il n’y a pas de prédiction claire qu’on peut faire en termes d’impact sur l’économie. L’important est d’être prêts à réagir», a expliqué M. Poloz.

La Banque craint également que certaines entreprises soient amenées à investir au sud de la frontière, tant en raison de l’incertitude autour de l’ALENA que des nouveaux allègements fiscaux mis en place par l’administration Trump.

Tendance à la hausse

Le taux directeur avait augmenté d’un quart de point en juillet dernier, une première hausse depuis 2010. Le taux était alors passé de 0,5 % à 0,75 %. Puis, en septembre, il avait encore grimpé de 0,25 % pour venir s’établir à 1 %.

Depuis, l’institution faisait le choix de la patience avant de continuer à tirer les taux d’intérêt vers le haut. Malgré les nombreux signes encourageants, tout indique que cette augmentation continuera de se faire à un rythme modéré.

«Quoique l’on s’attende à ce que les perspectives économiques justifient des taux d’intérêt plus élevés avec le temps, il sera probablement nécessaire de maintenir un certain degré de détente monétaire», note la Banque.

La prochaine décision sur le taux directeur est attendue le 7 mars prochain.

Des inquiétudes pour le marché immobilier

La Chambre de commerce du Canada a demandé à la Banque de faire preuve de prudence avant d’augmenter une nouvelle fois les taux d’intérêt.

«D'autres hausses du taux directeur, motivées par des politiques gouvernementales qui font augmenter le coût de la vie, pourraient avoir une incidence négative sur les dépenses de consommation ainsi que sur le marché de l'habitation au Canada», a fait savoir l’organisation dans un communiqué.

Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, croit également que si la Banque y va d’une série de hausses en 2018, l’immobilier pourrait en pâtir. «Il faut en être conscient, ça risque de ralentir un peu dans le marché immobilier», a-t-il dit, précisant qu’il s’attend à trois hausses cette année, une augmentation totale de 0,75 %.

Ces craintes ne sont pas partagées par l’agence Royal LePage, qui ne s’attend qu’à des effets marginaux sur l’immobilier.

«Même si la hausse d'aujourd'hui pourrait mettre certains acheteurs potentiels à l'écart du marché, le nombre de propriétés disponibles dans plusieurs régions n'est pas suffisant pour répondre à la demande actuelle», a indiqué l’entreprise.

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