L'histoire de Vincent Duguay, ce jeune de 15 ans qui met en demeure son école au sujet des confiscations de cellulaires, crée beaucoup de remous dans les médias et avec raison, puisqu’il met de l’avant un bon point, selon un spécialiste du droit.
À l’école Charles-Gravel de Chicoutimi de Vincent Duguay, les élèves qui se font prendre à utiliser leur cellulaire en classe peuvent se le faire confisquer pour une durée de 24 heures. Le jeune homme argue que la sanction n’est pas raisonnable et il plaide que cette partie du code de vie de son école est inconstitutionnelle.
Même s’il ne s’agit que d’une mise en demeure et que la judiciarisation du dossier est peu probable, Patrick Taillon, professeur de droit à l’Université Laval, estime que les arguments soulevés par le jeune homme de Saguenay sont valides.
«Dans notre système de protection des droits et libertés, il faut d’abord démontrer une atteinte, explique M. Taillon. Plaider une atteinte, c’est généralement assez facile. Là où les dossiers se décident, c’est à savoir si l’atteinte est raisonnable. Dans ce cas-ci, est-ce raisonnable et justifié comme sanction de saisir les cellulaires?»
À cette question, le jeune homme de Saguenay plaide que le cellulaire n’est pas un objet comme les autres, qu’il peut avoir des usages de communication importants avec l’employeur, par exemple. C’est d’ailleurs après que ses amis eurent perdu leur emploi ou eurent des problèmes de couple à cause de ces sanctions qu’il a décidé d’aller de l’avant avec sa procédure.
M. Taillon estime lui aussi que le cellulaire, à notre époque, n’est pas un objet comme les autres puisque ses utilisations sont vastes.
«Il me semble que oui (que c’est différent) à cause de la quantité d’informations qu’il contient. Le cellulaire peut servir à des fins de communication pour assurer la sécurité de l’élève à la sortie des classes, pour rejoindre ses parents ou son employeur, par exemple.»
Un appui de ses parents
Benoit Duguay, le père de Vincent, a convenu en entrevue à LCN que l’histoire a pris des proportions inattendues.
«On ne pensait pas que l’histoire ferait boule-de-neige comme ça, concède-t-il. On s’attendait par contre à ce que ça polarise les opinions, mais on réalise que ça touche beaucoup de gens. C’est un problème de société et de génération.»
Si plusieurs parents estiment que le cellulaire à l’école est un fléau et que le jeune homme défend l’indéfendable, son père tient à apporter une précision.
«Je suis moi-même chargé de cours à l’université et on est confrontés à ce problème nous aussi. On ne veut pas que le cellulaire soit un obstacle à l’enseignement et c’est tout à fait normal qu’il y ait des sanctions d’appliquées s’il y a utilisation du téléphone cellulaire dans le temps de classe. Le nœud du problème, c’est que les sanctions débordent de la période d’enseignement.»
Chose certaine, selon M. Taillon, le jeune homme a un bel avenir en droit s’il décidait de poursuivre ses études dans ce domaine.
«Plusieurs facultés seraient heureuses de lui soumettre une offre d’admission le moment venu parce qu’il a des dispositions évidentes pour le droit.»