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Le long chemin de la guérison

Louise Couture et Martine Boulet-Pelletier ont respectivement perdu une fille et une sœur dans l’accident ferroviaire. Elles ont appris à vivre avec ce deuil, même si la douleur continue de les ronger.

PASCAL HUOT/AGENCE QMI

Louise Couture et Martine Boulet-Pelletier ont respectivement perdu une fille et une sœur dans l’accident ferroviaire. Elles ont appris à vivre avec ce deuil, même si la douleur continue de les ronger.

Même si la douleur et la peur sont toujours présentes au quotidien, les proches endeuillés par la tragédie de Lac-Mégantic ont trouvé la force de reprendre le cours de leur vie.

Martine Boulet-Pelletier n’oubliera jamais le moment où elle a salué sa sœur pour la dernière fois, Marie-France Boulet, lors d’une réunion familiale, dans l’avant-midi du 5 juillet 2013.

« Je me souviens encore comment elle était habillée, comment elle nous a dit “bye”... elle aimait ça, jaser, elle aussi. Je ne l’ai jamais revue », souffle-t-elle, décrivant sa sœur comme un pilier de la famille.

La femme de 62 ans a péri dans son appartement du centre-ville quand le pétrole contenu dans le convoi meurtrier s’est rendu jusqu’à son édifice pour ensuite le consumer durant 50 heures.

Si le choc a été brutal pour les proches des victimes, il leur a aussi servi une importante leçon de vie, croit Mme Boulet-Pelletier. « S’il y a une chose qui a changé dans ma vie, c’est que ton bonheur, c’est là, c’est aujourd’hui, car tu ne sais jamais ce qui t’attend demain », souligne-t-elle.

Servir d’exemple

À ses côtés, Louise Couture, qui a perdu sa fille Kathy Clusiault alors âgée de 24 ans, explique qu’elle s’est accrochée aux autres membres de sa famille et de son entourage, surtout les plus jeunes, pour se sortir de la détresse.

« Il faut rester positif pour eux autres, ces petits-là, c’est vrai. J’ai passé ça avec force, sans pilule, sans antidépresseur, sans rien. J’ai une autre fille et une petite-fille qui est arrivée, alors il faut rester forte pour elles », exprime-t-elle.

« Il est hors de question que nos petits-enfants n’aient pas une joie de vivre ; de leur faire vivre notre peine à nous, d’être fâchés ou amers de la vie, non. Moi, je suis une enseignante, j’ai un paquet d’enfants à l’école et je veux voir des sourires », renchérit sa comparse.

Mais il reste que la « plaie est profonde », nuance Mme Couture. La mère admet avoir « développé des peurs » après la tragédie, qu’elle essaie de maîtriser comme elle peut. « Il ne me reste qu’une fille. Il ne faut pas qu’il arrive un accident... », fait-elle remarquer, la voix remplie d’émotion.

Replonger dans la peine

Le dénouement du long procès des ex-employés de la MMA, vendredi, a d’ailleurs replongé plusieurs proches de victimes dans la peine qu’ils avaient réussi à chasser. « Ça nous a reculés d’une couple d’années, ça m’a bouleversée », mentionne Mme Couture.

Les deux femmes confient avoir été déçues par les acquittements. « Il faut qu’il y ait une responsabilité quelque part », demande Martine Boulet-Pelletier, qui craint que le procès n’apporte aucune retombée concrète à Lac-Mégantic.

« Si rien ne change, si, cette année, il n’y a pas des choses concrètes qui se passent dans notre ville, moi je dis : “Pourquoi ils ont fait un procès ? Pourquoi ils ont dépensé tout ce temps et cet argent ?” », lance-t-elle.

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