À l’approche des cinq ans de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, les conservateurs réclament qu’Ottawa passe de la parole aux actes en allouant dans son budget 2018 des sommes pour la voie de contournement tant attendue dans la municipalité.
«Si le gouvernement veut vraiment faire avancer le processus de guérison, ça prend un engagement financier. [Le ministre des Transports] Marc Garneau répète depuis deux ans que la sécurité ferroviaire est sa priorité, mais il n’annonce jamais rien de concret dans ce dossier», a regretté le député Luc Berthold en entrevue lundi.
Sur le terrain, l’élu de Mégantic-L’Érable affirme être continuellement interpellé à ce sujet par les Méganticois, depuis le déraillement qui a fait 47 victimes en plein cœur de la ville en juillet 2013. «Chaque fois que le train siffle, c’est un rappel de la tragédie. Les gens sont tannés de vivre dans l’incertitude», a déploré M. Berthold.
Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui était au pouvoir jusqu’en octobre 2015, ne s’était pas engagé à réaliser une voie de contournement, mais avait accepté de financer une étude de faisabilité sur la question.
Collaboration, mais pas d’engagement
Le cabinet du ministre Garneau a indiqué lundi que le fédéral collabore avec la municipalité et avec le gouvernement du Québec «pour faire avancer ce dossier important», rappelant que l’étude de faisabilité était toujours en cours, sans préciser d’échéancier.
Le bureau du premier ministre, qui est en déplacement au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, s’est contenté lundi de réitérer les propos tenus par Justin Trudeau la semaine dernière lors de son assemblée publique à Québec.
Il avait affirmé que le gouvernement «est en train de travailler» au dossier et qu’il espère avoir «des choses à annoncer très bientôt».
En consultations pré-budgétaires, le ministère des Finances n’a pas voulu «spéculer» sur d’éventuelles sommes réservées à la voie de contournement dans le prochain budget.
Sur les bancs de l’opposition à Ottawa, l’appui à la voie de contournement est unanime, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois s’étant tous deux prononcés en faveur du projet.
Immobilisme critiqué
Dans une entrevue publiée lundi matin par le «Journal de Québec», la mairesse de Lac-Mégantic, Julie Morir, a demandé d’obtenir d’ici juillet, à temps pour les cinq ans de la tragédie, la confirmation qu’une voie de contournement serait mise en place. «Le projet [...] fait du surplace, même s’il est dans l’air depuis l’accident», a-t-elle dénoncé.
«Ce que je suis tannée un peu, c’est de voir le provincial qui lance la balle au fédéral, et le fédéral qui la lance au provincial», a dit Mme Morin. Elle a pris contact avec les deux ordres de gouvernement vendredi dernier à la suite de l’acquittement des trois employés responsables du train le soir fatidique.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a appelé la mairesse samedi et le ministre Marc Garneau s’est entretenu avec elle lundi. «On n’a pas eu d’engagement, mais j’ai senti une volonté politique», a dit la mairesse en entrevue lundi soir.
Le ministère des Transports du Québec n’a pas été en mesure de répondre aux demandes de l’Agence QMI.