Les dépanneurs et épiciers du Québec se disent victimes du «zèle» des inspecteurs responsables d’appliquer la loi sur le tabac, qui «ont été soumis à des règles de harcèlement pour atteindre leurs quotas de contraventions», selon eux.
Notre bureau d’enquête révélait lundi que des enquêteurs de «la police du tabac» de la région de Montréal ont subi pendant des années de la pression psychologique de la part de leur employeur pour décerner suffisamment de contraventions.
«Nous avons réalisé que les inspecteurs s’attaquaient aux moindres petits détails du dépanneur, afin de les rendre coupables d’une infraction à la loi, ce qui était nettement exagéré de leur part», a indiqué Yves Servais, directeur général de l’Association des marchands dépanneurs et épiciers du Québec.
Il croit également que, dans certains cas, les inspecteurs ont «forcé la réalité dans le seul but d’atteindre leurs quotas».
«Nos détaillants n’ont pas à subir les pressions abusives des directives de la police du tabac qui réclament à ses enquêteurs d’atteindre à tout prix des objectifs irréalistes», a-t-il ajouté.
Pas de quotas
La ministre déléguée à la santé publique, Lucie Charlebois, n’était pas disponible pour commenter, lundi. Son cabinet a toutefois réfuté l’existence de quotas pour l’équipe des inspections du MSSS.
Si les inspecteurs ont des objectifs à rencontrer, ces objectifs sont liés au nombre de visites d’inspection à effectuer annuellement, et non pas au nombre de constats d’infraction à remettre, a-t-on indiqué.
Le cabinet de Mme Charlebois a également précisé que le ministère a agi «promptement, dès que la situation a été portée à son attention». «Les employés concernés par cette situation ont été rencontrés», a également précisé le bureau de la ministre.
De son côté, le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) a demandé la démission du directeur des enquêtes, Jean-François Therrien.
«Notre convention collective précise qu’on a le droit à un milieu de travail sain. Nous, c’est la première chose qu’on demande aux autorités du ministère. Mais il n’y a rien qui a changé depuis deux ans», a déploré Jean-François Sylvestre, porte-parole au SFPQ pour la région de Montréal.