Le premier ministre Philippe Couillard veut maintenir la pression sur les Américains pour favoriser les échanges commerciaux.
En entrevue exclusive avec TVA Nouvelles, Philippe Couillard a indiqué vouloir envoyer un message puissant, en compagnie de son homologue ontarienne Kathleen Wynne, dans le cadre du National Governors Association à Washington, lors de sa troisième visite à Washington.
«Un message fort parce que 60 % de l'économie du Canada c'est le Québec et l'Ontario, le deux tiers du commerce du Canada aux États-Unis, c'est le Québec et l’Ontario», rappelle le premier ministre.
À l'aube du 7e cycle des négociations de l'ALENA à Mexico, le discours du Québec le même. On veut rappeler aux Américains l’importance des échanges économiques entre le Canada et les États-Unis. Des échanges commerciaux qui se sont d’ailleurs élevés à 81 milliards de dollars en 2016, tandis que 1 000 entreprises américaines possèdent une filiale au Québec.
«Notre relation géopolitique est l'une des plus importantes et des plus précieuses au monde. Il ne faut pas l'affaiblir, il faut la moderniser», plaide M. Couillard.
Des dossiers chauds
Alors que le bras de fer dans le dossier du bois d'œuvre se poursuit, le premier ministre en profitera pour rappeler aux Américains les conséquences d’une hausse des taxes.
«Tout ce que vous allez arriver à faire, c'est de faire augmenter le prix des maisons aux États-Unis au détriment des consommateurs et c'est exactement ce qui se produit, note-t-il. Les taxes américaines sur le bois sont absorbées par les consommateurs américains et ça coûte pas mal plus cher de construire une maison maintenant qu’avant qu’elles entrent en vigueur.»
Sur le sujet de la CSeries, le premier ministre affirme que Bombardier n'a pas agi trop rapidement en cédant sa ligne d’avions à Airbus. Mais l’américaine Boeing n'a-t-elle pas poussé Bombardier dans les bras d'Airbus en lui imposant des droits antidumping exorbitants sur la CSeries?
«Quand j'ai rencontré les Américains avant cette histoire, je leur ai mentionné que tout ce qu’ils allaient réussir à faire, c’est d’encourager un nouveau concurrent parce que nous, on cherchait un partenaire stratégique, souligne-t-il. Compte tenu de l’attitude de Boeing, le partenaire stratégique allait nécessairement être européen ou asiatique et ça, ce n'était pas dans l'intérêt de l'industrie américaine.»
Philippe Couillard profitera aussi de son séjour pour rencontrer les gouverneurs du Massachusetts, du Vermont et du Maine afin de parler du projet Northern Pass, le plus important projet de vente d'énergie à l'étranger de l'histoire du Québec.
«Je veux qu'on vende notre électricité, on a de grandes quantités d'énergies disponibles», évoque-t-il.
Le projet Northern Pass pourrait rapporter 10 milliards de dollars au Québec. Mais où en est le projet actuellement?
«Sur le principe, c'est de l'énergie québécoise qui va être vendue en Nouvelle-Angleterre. J’espère que ça se rendra jusqu’à New York, parce que c'est un autre processus qui se fait en parallèle. La question c'est de savoir quel tracé de transmission sera utilisé.»
Le cas Donald Trump
Quand est-il de sa relation avec le controversé président américain Donald Trump?
«Je fais attention de ne pas devenir moi, premier ministre du Québec, l'opposition politique de M. Trump. Est-ce que je partage ses idées sur plusieurs thèmes comme l'environnement ou les armes à feu? Bien sûr que non.»
Si M. Couillard estime que son rôle n’est pas de confronter le président sur ses politiques, il compte profiter de sa visite pour renforcer les liens économiques entre les deux pays.
«Je suis là pour parler au nom des travailleurs, c'est ma priorité. Même quand ça ira mieux et que la situation se sera stabilisée, on va continuer à être avec les Américains.»
Depuis janvier 2017, Philippe Couillard a rencontré des gouverneurs et sénateurs américains à 57 reprises.