Trois ans après avoir dénombré environ 3000 sans-abri à Montréal, les autorités veulent voir comment la situation a évolué.
Un exercice similaire se tiendra donc dans quelques semaines.
Voici l'image que l'on peut se faire des sans-abri: des hommes vivant dans la rue hiver comme été et qui sont facilement identifiables.
«Pour moi, un itinérant, c'était un alcoolique, un drogué, ça pue puis c'est pas... Je les regardais de haut, avant, les itinérants», confie Annie Archambault.
Celle-ci a été elle-même une sans-abri, même si elle n'en a pas l'étiquette. Elle a vécu la dernière année sans domicile fixe, mais faisait tout pour que ça ne paraisse pas.
«J'avais caché toutes mes affaires dans des coins, un peu, à Montréal, pour que personne ne tombe dessus. Puis, quand je voulais du nouveau linge, j'allais le chercher, ou mon shampooing, mais j'avais juste une sacoche. Comme ça, ça paraissait pas. Des fois, le matin, j'avais les pieds en sang. Je passais ma nuit à marcher, parce que si tu restes à la même place, toute la nuit, là, dans un parc ou n'importe quoi, puis qu'un gars marche puis il 'spot' que tu restes là, il y a des risques», relate-t-elle.
Annie ne vit plus dans la rue depuis le 1er mars. Le Boulot vers, une entreprise d'insertion pour les jeunes en difficultés, l'aide beaucoup. Elle a son appartement et de nouveaux projets, mais elle veut donner au suivant: elle va participer au deuxième dénombrement des sans-abri à Montréal.
3000 itinérants répertoriés
Lors du premier, qui a eu lieu en 2015, 3000 itinérants avaient été répertoriés. La Ville de Montréal, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et le Centre de recherche de l'Institut Douglas veulent avoir un nouveau portrait de la situation.
Cette année, 61 communautés du Canada participent à cet exercice. Au Québec, 11 régions les plus peuplées sont aussi ciblées. Les organisateurs sont à la recherche de bénévoles. Les personnes intéressées se rendent sur le site Internet jecomptemtl2018.ca.
«C'est le soir du 24 avril. Donc, c'est entre 18h et minuit. Les bénévoles qu'on recherche seront particulièrement impliqués environ trois, quatre heures», explique Sonya Cormier, directrice des communications de Je compte MTL 2018.
Cela permettra d'obtenir une image plus précise de l'itinérance au Québec et d’offrir de meilleurs services. Pour Annie Archambault, c'est très important.
«C'est le problème de tout le monde, je pense. D'imaginer que c'est sa fille qui est dehors, cachée, là... Qui est cachée, puis c'est... Il faut les compter, ceux-là aussi, là», insiste la jeune femme.
-D’après un reportage d’Harold Gagné