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Un accusé de proxénétisme reste détenu même sans antécédent

Dans une décision inédite qui pourrait inciter des victimes à se sortir des griffes d’un pimp, un juge de Québec a refusé de remettre en liberté un individu sans antécédent judiciaire qui est accusé de proxénétisme à l’égard d’une personne de moins de 18 ans.

Le 16 avril dernier, le juge Christian Boulet de la chambre criminelle et pénale a décidé que l’accusé Kristof Pons Dion constituait un danger à la fois pour la société et la victime.

À l’étape de l’enquête sur remise en liberté, alors que le jeune homme de 20 ans bénéficie toujours de la présomption d’innocence, le magistrat ne s’est pas laissé attendrir par la fiche vierge de l’accusé.

«Je conclus au final qu’il ne s’est pas déchargé de son fardeau de me convaincre que sa détention n’est pas nécessaire», a-t-il lancé en ordonnant sa détention préventive au moins jusqu’en juin prochain.

Un précédent

Cette décision à contre-courant a été saluée par les intervenants sociaux qui travaillent d’arrache-pied avec les enquêteurs et les procureurs pour protéger les adolescentes qui font parfois face à beaucoup d’intimidation lorsque le pimp est libéré rapidement. La preuve de la Couronne est alors mise à rude épreuve avant le procès.

«C’est la première fois que je vois ça. C’est un précédent et aussi un message clair. C’est une priorité pour tout le monde présentement de dénoncer les exploitations sexuelles. C’est mieux compris du processus judiciaire», affirme Catherine, travailleuse de rue qui fréquente le milieu de la prostitution juvénile depuis près de sept ans, à Québec.

L’intervenante pour l’organisme Projet Intervention Prostitution Québec (PIPQ) espère maintenant que les victimes hésiteront un peu moins avant de porter plainte auprès des policiers.

«Je confirme que c’est la première fois que je vois ça. Ça peut ouvrir des portes et redonner confiance dans le système judiciaire. Il y a un momentum actuellement et les jeunes filles doivent voir qu’il y a moyen d’assurer leur protection», mentionne pour sa part la directrice de PIPQ, Geneviève Quinty.

Deux bébés

Kristof Pons Dion est notamment accusé de proxénétisme à l’égard d’une personne de moins de 18 ans, un crime dont la peine minimale est désormais de 5 ans.

À la fin de l’année 2017, ce dernier a été arrêté à Toronto en présence de la plaignante, qu’il avait rencontrée alors qu’elle était en fugue d’un centre jeunesse à l’âge de 15 ans. Un bébé se trouvait aussi dans leur entourage. L’accusé est père de deux enfants nés à la même période de deux jeunes filles différentes.

La victime faisait de cinq à dix clients par jour. Elle n’a jamais reçu d’argent, seulement de la nourriture et de la drogue. Face à des «crimes odieux», le juge a souligné la «dangerosité très importante du prévenu», en précisant que son témoignage en défense n’était pas crédible. Les garanties proposées par sa mère et sa grand-mère n’ont pas fait fléchir le tribunal.

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