La Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal a donné plus de 3 millions $ de contrats à des entreprises liées à des membres de son conseil d’administration.
Cet organisme à but non lucratif (OBNL) créé par la Ville de Montréal a dépensé une centaine de millions de fonds publics pour organiser les festivités de l’an dernier.
En examinant la liste des contrats que la Société a octroyés, notre Bureau d’enquête a découvert les cas suivants :
• La Société du 375e a mandaté la firme NATIONAL pour gérer les relations publiques de l’événement. Or, un des membres du conseil d’administration de la Société, Andrew Molson, est aussi président du conseil d’administration de NATIONAL. La Société du 375e refuse de dire le montant exact versé à NATIONAL, mais a affirmé qu’il est de moins de 1 M$.
• Andrew Molson est aussi administrateur de l’Aréna des Canadiens, qui a reçu des contrats de près de 2 M$ pour organiser l’Électro Parade, la Classique montréalaise et des journées thématiques des festivals Osheaga et îleSoniq.
• La Société du 375e a également donné 750 000 $ à Juste pour rire TV, qui appartenait à ce moment à nul autre que Gilbert Rozon. Or, ce même Gilbert Rozon était aussi un des administrateurs de la Société du 375e. Il portait le chapeau de commissaire aux célébrations.
Pas d’appel d’offres
Le mandat à Juste pour rire TV a été octroyé sans appel d’offres.
Selon Étienne Charbonneau, professeur à l’École nationale d’administration publique, la Ville de Montréal n’aurait jamais pu donner un tel contrat sans appel d’offres, en raison de ses règles de gouvernance.
C’est parce qu’elle était un OBNL que la Société du 375e a pu procéder ainsi, analyse-t-il.
« Pour un contrat aussi important, c’est rarement judicieux de ne pas faire d’appel d’offres », nuance toutefois M. Charbonneau.
À la Société du 375e, on assure que les membres ont respecté les règles de gouvernance.
« Toute personne impliquée [dans une entreprise pouvant obtenir le contrat] était toujours exclue [du processus d’octroi de contrat] », dit le directeur général, Alain Gignac.
Situation délicate
Dans le cas d’Andrew Molson, la situation était encore plus délicate. Il dirigeait le comité des relations publiques du 375e juste avant que la firme NATIONAL remporte le contrat de relations publiques au terme d’un appel d’offres lancé en mars 2016.
« Il a cessé de s’impliquer dans ce comité, mais il n’y a pas de liens avec l’appel d’offres », assure la porte-parole de la Société, Isabelle Pelletier.
Joint par notre Bureau d’enquête, le comédien et producteur Serge Postigo, qui a travaillé pour la Société du 375e pendant près d’un an et demi, a soutenu que M. Rozon n’était pas en conflit d’intérêts.
« Il y avait un protocole à l’interne et dès que c’était un projet que Juste pour rire touchait, il était tenu de sortir », dit-il.