L’homme qui est décédé en forêt, alors que son neveu et son ami ont survécu pendant quatre jours, n’est pas mort seul puisqu’il s’est effondré à leurs côtés mercredi, une journée après que son véhicule se fut enlisé.
Selon ce qu’ont raconté les deux survivants à la conjointe de Léon Drapeau, ils ont passé la première nuit, mardi, à bord du véhicule enlisé dans un chemin forestier près du lac de l’Est, dans le Bas-Saint-Laurent.
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Le lendemain matin, Léon Drapeau, 75 ans, Pierre Barrière, 57 ans, et Ronald Fillion, 78 ans, sont partis à pied vers 8 h le matin pour aller chercher du secours.
Il «n’avait plus de force»
Ils ont pris une pause dans un refuge pour trouver quelque chose à boire. Léon Drapeau ne se sentait déjà pas bien. Ils ont ensuite recommencé à marcher.
«Ils ont fait deux heures de marche et ils voyaient que Léon n’avait plus de force. Ils l’ont soutenu par les épaules. Ils sont arrivés à une place et ont dit: “Léon, couche-toi”, et ils ont vu que ça n’allait pas. Il est décédé à 12 h 25 [mercredi]», a raconté Céline Lévesque, qui était la conjointe de Léon Drapeau depuis 33 ans. L’homme faisait de l’insuffisance cardiaque et n’avait pas ses médicaments.

Pierre Barrière et Ronald Fillion ont enveloppé monsieur Drapeau d’une couverture et ont passé les jours qui ont suivi à marcher et à chercher de l’aide le jour, tout en se réfugiant dans le petit chalet la nuit. C’est là que les secours les ont trouvés samedi, après quatre nuits.
Selon ce qu’ils ont raconté à la famille, ils faisaient des feux, mais la fumée ne montait pas. Ils entendaient et voyaient les hélicoptères, mais personne ne les a vus.
«Sa vie, c’était le bois»
Céline Lévesque est sereine malgré le triste dénouement concernant son conjoint Léon Drapeau.
«Pierre [un des survivants] va très bien physiquement. Il est défait par la peine. Il est secoué. Je lui ai dit: “Ce n’est pas de ta faute”, son cœur n’était pas fort», a-t-elle confié. «Il [son conjoint] a eu une belle mort, parce que sa vie, c’était le bois, et il est décédé heureux».

Elle s’est dite émue par toute l’aide des bénévoles et des policiers qui ont passé des jours à les chercher et tenait à les remercier, au nom de toute la famille.
Les bénévoles ont fait la différence
Des chasseurs et des randonneurs bénévoles ont envahi par dizaines les terres publiques pour aider à trouver les trois hommes perdus et retrouvés samedi dans le Bas-Saint-Laurent, ce qui a fait la différence dans cette opération de sauvetage.
Dave Bérubé Poitras, qui faisait des recherches samedi avec son équipe de bénévoles d’Urgence Sauvetage Québec, est tombé par hasard sur le citoyen qui venait de découvrir le corps de Léon Drapeau, en matinée.
«Un individu debout nous faisait des grands signes, c’était un citoyen qui venait d’appeler la police parce qu’il avait retrouvé le corps. Il était ébranlé. On est restés avec lui jusqu’à ce que la Sûreté du Québec arrive», raconte-t-il, ajoutant que l’homme s’était rendu spécifiquement dans son coin de chasse pour aider aux recherches.
Avant lui, Dave Bérubé Poitras avait rencontré une quarantaine de personnes qui se rendaient entre autres à leurs camps de chasse pour jeter un coup d’œil, comme la Sûreté du Québec l’avait demandé.
Avec son équipe, il a aidé les secours à se rendre jusqu’au corps de monsieur Drapeau, pour entre autres transporter les ambulanciers et le matériel sur le chemin difficile d’accès.
SOS
Les policiers l’ont ensuite informé qu’ils avaient trouvé un chemin près d’une pancarte SOS, qui a mené les autorités vers une ancienne roulotte de chantier transformée en petit chalet où se trouvaient les deux survivants, qui ont été évacués par hélicoptère.
«Des gens qui vivent dans le secteur nous ont dit que ce chalet-là sert au cas où quelqu’un ait un problème», a ajouté Dave Bérubé Poitras. «Il y avait de l’eau et un petit peu de nourriture dans le chalet», a-t-il ajouté.
À l’intérieur se trouvait également une note écrite par l’un des deux survivants, probablement avant de partir pour recevoir des soins. «Désolé, les trois gars perdus, nous avons couché ici trois jours, notre ami est décédé. Secours arrivé le 26 mai, depuis mardi que nous sommes partis», était-il écrit.
«Retrouver deux personnes vivantes après quatre jours comme ça, au milieu de nulle part, c’est vraiment un miracle, parce que le territoire était immense», a conclu Dave Bérubé Poitras.