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Un géant chinois allonge des millions $ pour nos brevets

Aucune entreprise canadienne n’a voulu financer la recherche de la Chaire pour le sans-fil de l’avenir du professeur Ke Wu, de Polytechnique, qui a touché 5 M$ offerts par Huawei et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Courtoisie Polytechnique Montréal

Aucune entreprise canadienne n’a voulu financer la recherche de la Chaire pour le sans-fil de l’avenir du professeur Ke Wu, de Polytechnique, qui a touché 5 M$ offerts par Huawei et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.

Le géant chinois des télécommunications Huawei finance à coup de millions $ la recherche dans 13 universités canadiennes, dont McGill, Polytechnique et l’ÉTS, mettant ainsi la main sur la propriété intellectuelle de technologies de pointe.

L’entreprise est devenue depuis cinq ans le plus grand fabricant d’équipement de télécommunications dans le monde. Et ses investissements ne cessent de croître dans les universités canadiennes, atteignant cette année près de 18 millions $, selon une enquête du «Globe and Mail».

Depuis son arrivée au Canada il y a une dizaine d’années, l’entreprise aurait financé le travail de plus de 100 chercheurs, qui ont aussi bénéficié d’un appui financier gouvernemental. En échange, Huawei a obtenu, dans près de 40 % des cas, l’ensemble de la propriété intellectuelle (PI) des nouvelles technologies développées, ce qui signifie que le fruit des recherches a été cédé à bas prix au géant chinois.

En comparaison, la compagnie proche du gouvernement chinois est pratiquement absente des universités aux États-Unis, où l’État a depuis longtemps des inquiétudes concernant Huawei et la protection de sa sécurité nationale.

Un enjeu

«La notion de PI est un enjeu, il ne faut pas s’en cacher», dit le directeur de la recherche de Poly, François Bertrand.

Le problème en est un de demande dans le secteur canadien des technologies, dit-il. Ces technologies présentent un fort potentiel, mais peu de clients d’ici montreraient de l’intérêt, contrairement aux grandes entreprises étrangères qui fabriquent des téléphones.

«Dans le cas de la technologie 5G, il n’y avait pas d’entreprises canadiennes prêtes à embarquer dans le projet de la chaire du professeur Ke Wu. Ce n’est pas qu’on n’a pas cherché, il n’y en avait pas.

«Huawei, eux, étaient prêts à financer», ajoute-t-il, rappelant que cette formule permet d’assurer le travail de chercheurs et de former des étudiants.

Il juge exagérées les inquiétudes formulées en matière de sécurité nationale, rappelant que jamais le gouvernement fédéral n’est intervenu à cet égard.

Garder les retombées ici

Expert en PI, Vincent M. de Grandpré estime que les universités devraient avoir des politiques claires sur la protection de la PI des technologies qu’elles développent.

«Si on permet à des entreprises de tirer directement profit de notre cadre de recherche, on devrait s’assurer [de conserver] les droits de PI. C’est une position qui n’est pas déraisonnable. De façon générale, si [le gouvernement] finance de la recherche au Canada, on devrait s’assurer dans la mesure du possible de contrôler les retombées», affirme l’avocat du cabinet torontois Osler.

Plusieurs établissements américains ne permettent pas que des entreprises qui financent des recherches universitaires accaparent la PI à moins d’un consentement spécial, dit-il.

Qu’est-ce que la propriété intellectuelle ?

La propriété intellectuelle est le droit juridique à une idée, à une invention ou à une création. La PI englobe aussi les symboles, les noms, les images, les dessins industriels et les modèles à usage commercial.

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