Les commerçants empêtrés dans les chantiers s'attendent à ce que Montréal les aide rapidement sous une forme qui va au-delà d'un simple chèque pour compenser les pertes financières.
Le comité consultatif mandaté par la Ville a émis lundi 23 recommandations, «qui exigent un suivi rigoureux et rapide», pour redresser la situation du commerce de rue.
Ces recommandations ont aidé l’administration de Valérie Plante à élaborer son plan d’action en matière de commerce, qui sera présenté mercredi. Plusieurs recommandations seront répondues, a assuré le responsable du développement économique Robert Beaudry.
Les experts et commerçants consultés par Montréal demandent entre autres à la Ville d’adopter dès l’automne une stratégie pour diminuer l’écart entre les fardeaux fiscaux résidentiels et non résidentiels.
«C'est une bonne idée. Ça réduirait l'impact des travaux sur la baisse de notre chiffre d'affaires», a réagi le directeur général du restaurant Les 3 Brasseurs sur Sainte-Catherine, Jean-Marc Zerbib. Ce dernier a dû retirer sa terrasse sur la rue et réduire l'embauche d'employés pendant les travaux qui touchaient son secteur.
Lydia Wei, responsable marketing pour la lunetterie Antoine Laoun Opticien sur Sainte-Catherine, a accueilli favorablement l’idée de l’allègement fiscal, mais craint que cela ne se concrétise pas.
«C’est pressant, a commenté de son côté le président de la Société de développement commercial de la Plaza Saint-Hubert Mike Parente. Il faut améliorer le sort fiscal des commerçants.»
Pour le président de l’Institut de développement urbain du Québec André Boisclair, il s’agit d’un «dur rappel à l’ordre» pour l’administration municipale, qui a fait le choix dans le dernier budget de hausser de 3 % le compte de taxes des commerçants.
Le responsable du développement économique Robert Beaudry a rappelé que près de 70 % des revenus de Montréal proviennent de la taxation. «Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Il faut qu’on voie quels sont nos autres leviers et aller chercher d’autres sources de financement», a-t-il indiqué, suggérant le transfert de 1 % de la TVQ aux municipalités, proposé par les partis politiques provinciaux.
Compensation à venir
Le comité consultatif plaide aussi pour l’adoption «dès maintenant» d’un programme de compensation simple, avec des sommes versées rapidement et basé sur des informations que la Ville contrôle comme l’ampleur et la durée du chantier, et les types de difficultés qu’il a causées.
Selon Mike Parente, le futur programme de compensation annoncé par la Ville devra tenir compte de plusieurs facteurs. «Il faut que la Ville trouve le moyen de compenser au cas par cas avec balises. On ne s’attend pas juste à un chèque en blanc», a-t-il indiqué.
L’amélioration de la gestion des chantiers est, selon le président du Mouvement Desjardins et du comité consultatif Guy Cormier, un dossier que la Ville devrait d’ailleurs s’attaquer en premier.
Il propose d’allonger les heures de chantier pour terminer les travaux plus rapidement, et de placer la machinerie ailleurs que sur les artères commerciales lorsque le chantier est en pause.
- Avec la collaboration de Zacharie Goudreault