Orlane Panet-Gigon, 26 ans, travaillait pour une firme de gestion de patrimoine quand elle a décidé de réorienter sa jeune carrière. Plutôt que de faire croître les avoirs des clients de son employeur, elle a choisi de faire pousser fruits, légumes et fines herbes dans des jardins urbains.
L’entreprise conçoit et installe des potagers sur le toit des immeubles ou au sol pour une clientèle composée de particuliers, d’entreprises, d’écoles et même de restaurants.
«La gestion de patrimoine est un marché mature et bien établi. J’aimais mieux mettre mon énergie à développer un secteur nouveau, l’agriculture urbaine, et ainsi apporter quelque chose aux prochaines générations», explique la jeune femme.
Elle qui est une passionnée de comptabilité a fait l’équation suivante: «Il y a de moins en moins de terres agricoles et toujours plus de gens à nourrir. Par contre, il y a un nombre incroyable d’espaces inutilisés pour créer des jardins.»
C’est Alexandre Ferrari-Roy, son associé et ami de longue date, diplômé en sciences environnementales et agricoles, qui a élaboré le concept de MicroHabitat. Il a mis au point un système de culture dans des sacs de géotextile où aucun pesticide n’est utilisé. L’engrais est à base d’algues.
Cumuler les emplois
Orlane Panet-Gigon s’est jointe à lui en 2016 pour s’occuper du volet développement des affaires. L’entreprise en étant à ses débuts, il n’était pas question de se payer un salaire. Elle a donc troqué son emploi en gestion de patrimoine pour un job de serveuse dans un restaurant.
«J’y travaillais le soir, je pouvais ainsi me consacrer à l’entreprise pendant le jour», raconte la jeune entrepreneure.
Deux ans et demi plus tard, la liste des clients de MicroHabitat s’allonge sans cesse. Plusieurs grandes entreprises comme Desjardins ou Intact Assurance ont fait appel à elle pour installer un jardin sur le toit de leur immeuble. MicroHabitat travaille également avec une dizaine d’écoles de la région montréalaise et plusieurs restaurants qui s’approvisionnent ainsi à même leur potager. Les centres hospitaliers sont un autre segment de clientèle en croissance.
MicroHabitat offre des services de conception et d’installation de jardins, que ce soit dans une cour, sur un balcon ou sur un toit. Elle peut aussi veiller à l’entretien et s’occuper de la récolte. Grâce à un partenariat avec Alvéole, spécialisée en apiculture, elle est également en mesure d’installer des ruches et d’en collecter le miel.
Pour MicroHabitat, la période de culture s’étend de mai à novembre.
«Même si nos activités sont saisonnières, on n’a pas autant de vacances que certains le pensent», raconte Orlane Panet-Gigon en riant.
Le bon moment
Orlane Panet-Gigon s’est bien adaptée à sa nouvelle vie d’entrepreneure.
«Le virage a été facile à prendre parce que je l’ai fait en début de carrière, explique-t-elle. Je n’avais pas de grandes responsabilités financières, travailler au restaurant me permettait donc de subvenir à mes besoins. Je me suis donné deux ans pour assurer la rentabilité de l’entreprise.»
Elle y est arrivée bien avant. MicroHabitat emploie aujourd’hui quatre personnes, dont les deux fondateurs, en plus d’une équipe de six dans des postes temporaires.
«De start-up, on est devenu une petite entreprise», se réjouit-elle.
Les défis ne manquent pas pour autant. Poursuivre le développement de la clientèle, ouvrir de nouveaux marchés géographiques et se doter d’un centre de distribution pour optimiser la logistique font partie des projets à court terme de l’entreprise, ajoute Mme Panet-Gigon qui a été lauréate au concours Entrepreneurs émergents à C2 MTL, édition 2018.
Son parcours
Orlane Panet-Gigon, 26 ans
Baccalauréat en commerce, Université Concordia, 2014 - 2017
Assistante aux conseillers en placement, Patrimoine Hollis, 2016
Cofondatrice de MicroHabitat, 2016Une de nos meilleures décisions
«D’avoir concentré nos efforts sur les marchés les plus porteurs. Pour cela, il nous a fallu bien comprendre la clientèle pour identifier celle qui offrait le plus de potentiel.»
Une de nos pires décisions
«De s’être attaché à un projet qui ne donnait pas les résultats escomptés. Cela nous a appris à lâcher prise.»