Écartée de la programmation du 39e Festival international de jazz de Montréal (FIJM), qui vient de se terminer, la pièce «SLĀV» ne mourra pas pour autant et sera jouée dans quelques régions du Québec l'hiver prochain.
L’œuvre du metteur en scène Robert Lepage et de l’interprète Betty Bonifassi sera en effet présentée au Théâtre Gilles-Vigneault de Saint-Jérôme, le 23 janvier 2019.
Le diffuseur du Théâtre Gilles-Vigneault, En Scène, est d’ailleurs impliqué dans la production de «SLĀV» depuis plus d’un an, comme d’autres présentateurs culturels de Drummondville (Salle Léo-Paul-Therrien), Sherbrooke (Salle Maurice-O’Bready), Saguenay (Théâtre Banque Nationale) et Québec (Théâtre Diamant), où le spectacle sera également à l’affiche au début de l’année prochaine.
«On a toujours l’intention de présenter le spectacle», a expliqué David Laferrière, directeur général et artistique du Théâtre Gilles-Vigneault, en entrevue avec l’Agence QMI, dimanche.
«Essentiellement, le rôle du diffuseur est de provoquer des rencontres entre des œuvres et le public. C’est plutôt rare qu’une création, ici, provoque autant de débats. Je trouve ça extraordinaire, à la limite, ce qui se passe. Ce que je souhaite, c’est que la discussion se poursuive et, pour que la discussion se poursuive, il faut que l’œuvre soit vue», a-t-il dit.
David Laferrière affirme d’ailleurs réfléchir à des idées pour que la tenue de «SLĀV» à Saint-Jérôme ait lieu «dans l’échange et dans une démarche constructive».
«Le travail de Robert Lepage a toujours été un produit qui se peaufine, qui se développe, qui se bonifie avec le temps. Je suis convaincu que cette production-là va continuer de se bonifier et que la réflexion va se poursuivre.»
Surveillance policière
En raison de l’ampleur de la création, qui exige trois jours de montage, «SLĀV» ne se déploiera qu’un seul soir au Théâtre Gilles-Vigneault.
«Évidemment, on n’avait pas anticipé ce qui se passe, comme tout le monde, a indiqué David Laferrière. Mais je pense qu’on doit absolument aborder ces enjeux-là, et ça doit se faire dans le temps, avec délicatesse et ouverture.»
Le dirigeant de l’établissement - qui était d’ailleurs présent à l’avant-première médiatique de «SLĀV», où des manifestants ont protesté - avance que le service policier de Saint-Jérôme sera aux aguets le soir du 23 janvier.
«Ça fait partie des mesures de logistique auxquelles on réfléchit, sans mettre l’emphase sur ça. Je pense que c’est sain de manifester, que les voix se lèvent. Si tout se fait dans le respect et l’ouverture, sans violence, moi, c’est un risque que je trouve important de prendre. Nous, ce qu’on veut, c’est que les spectateurs aient la possibilité d’entrer et de découvrir l’œuvre, mais jamais je ne vais empêcher des manifestants d’être présents ou de parler. La violence ne peut pas être tolérée, jamais, nulle part, dans aucune circonstance.»
David Laferrière soutient que les ventes de billets de «SLĀV» n’ont pas augmenté au Théâtre Gilles-Vigneault depuis l’explosion de la controverse.
«Pour l’instant, c’est marginal», a-t-il précisé.
Enfin, au sujet de l’annulation de «SLĀV» par le FIJM, David Laferrière dit trouver la décision déplorable.
«Ils ont leurs raisons. Ça m’inquiète toujours de voir des œuvres qui sont annulées dans des contextes comme ça. C’est un dilemme cornélien, je pense que tout le monde y perd.»