Régulièrement qualifié de rêveur ou de «pelleteur de nuages» par ses détracteurs, Québec solidaire a pourtant connu une importante croissance au cours des quatre dernières années et sa porte-parole Manon Massé promet la plus grosse campagne de l’histoire du parti en vue de la prochaine élection.
En entrevue avec Mario Dumont à quelques jours du déclenchement de la campagne, Manon Massé a positionné son parti comme le seul à proposer des solutions du «XXIe siècle» aux enjeux de la société actuelle.
Une fière «radicale»
Le visage de Québec solidaire a passablement changé depuis la dernière élection avec les départs de Françoise David et d’Amir Khadir, ainsi que l’arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois, dont l’image a souvent été associée à celle d’un «radical» depuis le printemps érable. Ce qualificatif, Manon Massé se l’attribue fièrement, tout en prenant bien soin de l’opposé à l’«extrémisme».
«L’extrémisme, c’est quelque chose que je ne prise pas, mais la radicalité, donc régler quelque chose à la racine, pas juste de façon cosmétique, ça c’est Québec solidaire et Manon Massé», assure-t-elle.
Cette radicalité se traduit dans les promesses solidaires en vue de l’élection. Parmi les mesures déjà annoncées, QS propose une assurance dentaire pour tous, d’abaisser de moitié le coût du transport en commun et de faire passer le salaire minimum à 15 $ de l’heure. Des promesses économiques «budgétées», promet Manon Massé.
«On sait exactement où on va aller chercher cet argent, soutient-elle. Parce que oui, il y a des gens au haut de l’échelle qui ne paient pas leur juste part. Il y a des compagnies qui profitent de l’argent public et ne redonnent pas leur juste part.»
Parti «du XXIe siècle»
Sans en dévoiler la complète nature, Manon Massé promet aux Québécois le plan de transition énergétique «le plus ambitieux que le Québec n’ait jamais connu».
«On est au XXIe siècle et on l’a vu, particulièrement cet été, les changements climatiques, ce n’est pas dans le futur que ça va se produire, nous sommes dedans», maintient-elle.
Québec solidaire ne sera pas le seul parti à jouer la carte écologique, mais Mme Massé entend bien souligner aux électeurs les décisions prises au détriment de l’environnement par les autres partis, comme celle des libéraux d’investir de l’argent public pour exploiter du gaz et du pétrole en Gaspésie.
«Je pense que ce que veulent les Gaspésiens et les Gaspésiennes, c’est oui des emplois, mais des emplois du XXIe siècle», soutient-elle.
«Une autre façon de voir l’indépendance»
Au printemps 2017, une association entre Québec solidaire et le Parti québécois avait été envisagée dans le but de ne pas diviser les forces souverainistes. L’idée avait finalement été jetée aux oubliettes, une décision que ne regrette pas Manon Massé.
«Quand on a fondé Québec solidaire, ce n’était pas contre quelqu’un ou contre un parti. Le PQ ne parlait plus d’indépendance, résume-t-elle. Pour Québec solidaire, c’est une autre façon de voir l’indépendance du Québec. L’idée n’est pas de rompre avec un passé, l’idée, c’est de dire “qu’est-ce qu’on a envie de vivre ensemble sur ce territoire?”»
Et à ceux qui accusent QS de diviser le vote progressiste au détriment du PQ, Manon Massé répond que le parti n’avait qu’à réformer le mode de scrutin lorsqu’il était au pouvoir, «comme c’était à leur programme».