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Rosemont: l’humilité, le coeur ou la raison

Elle est lointaine l’époque où le Parti québécois faisait rêver la jeunesse. Mercredi, à l’Université de Montréal, ils étaient à peine 200 à s’être déplacés pour écouter Jean-François Lisée. Il leur a fait un rare aveu.

« Je sais qu’il y en a parmi vous qui préfèrent le programme de Québec solidaire....»

Le chef souverainiste s’est bien gardé d’attaquer la crédibilité des promesses solidaires, ou encore d’invoquer la division du vote souverainiste. À l’ère du financement public des partis politiques, Jean-François Lisée leur a offert un compromis.

« Envoyez 10$ à QS et votez pour le PQ! »

Le problème, au-delà de l’arrogance implicite dans une telle déclaration, c’est que dans son propre comté de Rosemont, cette logique ne tient pas.

Ici, Jean-François Lisée se bat pour sa propre survie politique.

Guerre de tranchées dans Rosemont

Il s’agit de sillonner le comté pour voir l’ampleur des efforts déployés. La guerre de pancartes sans merci n’est que la pointe de l’iceberg des ressources et efforts investis par Québec solidaire pour conquérir le fief péquiste et faire élire sa nouvelle recrue, l’ex-chroniqueur politique Vincent Marissal.

De passage dans son local de campagne jeudi dernier, j’étais curieuse de voir la transformation que la vie politique avait opérée sur mon ancien collègue journaliste. Alors que nous sommes si prompts à juger les politiciens, quelles leçons avait-il tiré de ses premiers mois en politique.

Je m’attendais à une longue réponse sur l’importance de gagner la confiance des électeurs, l’ampleur des défis dans Rosemont. Mais non. La réponse fut aussi brève que précise.

« J’ai appris l’humilité», a-t-il déclaré sans réserve.

Immédiatement j’ai pensé à son entrée controversée sur la scène politique. Mais cette nouvelle humilité dépasse largement son flirt avec les libéraux de Justin Trudeau qui risque de lui coller à la peau jusqu’au 1er octobre prochain. Cette nouvelle humilité, c’est celle du candidat qui doit solliciter des appuis, qui doit convaincre. C’est celle du candidat qui tente d’être partout dans son comté, mais se fait reprocher par un passant de n’avoir pas cogné à sa porte.

Vincent Marissal prend la critique avec le sourire. Il n’a pas le choix. Après tout il a eu l’audace de s’attaquer au chef du Parti québécois dans son fief de Rosemont.

Il faut dire qu’il a aussi un as dans sa poche: Josée Vanasse. On la décrit comme une légende, pour avoir réussi à faire élire Amir Khadir dans Mercier, Luc Ferrandez à la mairie du Plateau-Mont-Royal, Valérie Plante à la chefferie de Projet Montréal et Hélène Laverdière du NPD contre Gilles Duceppe.

Le rêve ou la raison

Mardi soir, la salle du Centre Gabrielle-et-Marcel-Lapalme à Rosemont était pleine à craquer.

Les amateurs de sensations fortes seront certainement restés sur leur faim.

Écoles surpeuplées, transports en commun inadéquats, changements climatiques, les problèmes à la Régie du logement, les échanges sont demeurés bien polis. Difficile même par moment de se faire une tête entre l’offre du candidat Lisée et celle du candidat Marissal. Ni l’un ni l’autre ne voulait ouvrir les hostilités.

Pourtant, le moment est venu. Et il fut des plus révélateurs.

Jean-François Lisée a offert son argument ultime: le vote stratégique pour empêcher une majorité de la CAQ.

« Si la CAQ gagne avec un comté et ce comté-là est Rosemont, on ne sera pas de bonne humeur le 1er au soir. »

Donc, ne gaspillez pas votre vote pour les idéaux de Québec solidaire. Pincez-vous le nez, votez PQ et le jour où on prendra le pouvoir, alors les débats de gauche avec Québec solidaire seront légitimes, a-t-il plaidé.

Après s’en être moqué, Jean-François Lisée s’accroche donc au vote stratégique pour sauver sa peau. Or il l’a fait avec condescendance envers ses adversaires souverainistes.

Le pari est valable, mais c’est aussi un terrible aveu que son parti est en difficulté sur l’île de Montréal. Un aveu surtout que le Parti québécois ne réussit plus à faire rêver les souverainistes tel qu’il l’a fait à une certaine époque.

« Votre vote, il vous appartient, c’est à vous, il n’est à personne, a répondu Vincent Marissal, je vais faire confiance à votre intelligence et à l’intelligence des électeurs du Québec. »

Les idéaux contre la tactique, voilà le choix auquel sont confrontés les électeurs souverainistes de Rosemont.

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