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Couillard veut freiner la pénurie de main-d’œuvre grâce aux Premières Nations

TVA NOUVELLES/AGENCE QMI

Philippe Couillard mise sur les travailleurs issus des Premières Nations pour réduire la pénurie de main-d’œuvre qui frappe plusieurs régions du Québec, une proposition reçue avec scepticisme lors de sa tournée en Abitibi.

«Il y a des jeunes qui sont disponibles parmi les Premières Nations pour travailler», a lancé le chef libéral mercredi lors d’un point de presse en marge d’une visite éclair à Val d’Or et Rouyn-Noranda. M. Couillard et le chef péquiste Jean-François Lisée font tous deux mentions des travailleurs autochtones depuis que cette solution a été soulevée par Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador.

Au matin, dans les radios abitibiennes, M. Couillard martelait cette idée: «Vous avez un réservoir de main-d’œuvre chez les Premières Nations». Il portait également ce message la veille, durant une rencontre dans un restaurant Subway de Val-d’Or qui a fermé ses portes temporairement en raison du manque d’employés. M. Couillard a suggéré aux propriétaires de se tourner vers les membres de la communauté de Lac-Simon, situé à 30 kilomètres de Val-d’Or, pour trouver les 12 à 15 travailleurs qui leur manquent pour faire rouler leur sandwicherie.

On ne peut pas les forcer à travailler, rétorque un entrepreneur

Frédérick Bolduc, l’un des copropriétaires de l’entreprise qui possède une dizaine de restaurants en Abitibi, incluant ce Subway, a rétorqué qu’il s’agissait d’un défi. Plusieurs jeunes n’ont pas accès à un véhicule et la distance, il faut compter près de 30 minutes de voiture, est un frein à l’embauche. M. Bolduc a également parlé des différences culturelles. «Je pense qu’il nous en reste un (employé autochtone) [...] Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à travailler. Tu ne peux pas les forcer à travailler, c’est une question de culture», a-t-il lancé. «Bravo pour l’effort», a rétorqué M. Couillard.

Chez Goldex, toujours à Val-d’Or, 600 hommes et femmes travaillent à temps plein dans la mine d’or. Le directeur général Frédéric Langevin reconnaît que les employés autochtones ne sont pas légion. «On a quelques individus, je ne vous donnerai pas de pourcentage», a-t-il dit au chef libéral, qui lui demandait combien d’entre eux étaient à son emploi.

Le secteur de la restauration, qui ne peut concurrencer les salaires offerts par les minières, est particulièrement touché en Abitibi. Le Saint-Hubert de Val-d’Or ne sert plus de brunch le matin et les McDonald’s de la région sont en pleine campagne de recrutement.

Est-ce que des emplois en restauration rapide sont vraiment attirants pour les membres des Premières Nations? «Il y en a aussi qui veulent ce type d’emploi. Ce que veulent les Premières Nations, c’est la dignité de l’emploi», a affirmé M. Couillard.

Rapprocher les peuples

En point de presse, il a dit vouloir faire des efforts pour «rapprocher les peuples». «La culture est différente, l’approche par rapport à la vie, par rapport au travail n’est pas la même», a-t-il souligné. Il a donné l’exemple de la chasse à l’oie, une tradition autochtone que les employeurs se doivent de respecter selon lui.

Il n’a toutefois pas visité la communauté Anishnabe de Lac-Simon lors de son passage en Abitibi. Il estime cependant qu’il «connaît très concrètement» les besoins des Autochtones puisqu’il vit à Saint-Félicien à proximité de la communauté innue Mashteuiatsh. «J’ai une connaissance au moins aussi grande des premières nations que la plupart des candidats à cette élection. [...] Je les connais très concrètement. Je suis toujours avec eux», a-t-il dit.

Langue, distance et formation

Pour le chef Lance Haymond, de la communauté de Kebaowek située à proximité de Témiscamingue, vaut mieux tard que jamais. M. Haymond soutient toutefois qu’il reste plusieurs défis à relever pour intégrer davantage les jeunes autochtones. Kebaowek est près d’une municipalité et des emplois, mais la situation des communautés éloignées est moins rose a-t-il dit. Dans le cas de Lac-Simon, il faudrait offrir des navettes vers Val-d’Or par exemple.

Les travailleurs autochtones ont aussi besoin de formation technique et de cours de langue dans le cas des nations dont la langue commune est l’anglais, comme c’est le cas à Kebaowek, a-t-il ajouté.

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