Pierre Bruneau ne fait pas les choses à moitié. En vue du «Face à face Québec 2018» qui a réuni les chefs des quatre formations politiques du Québec — Philippe Couillard, François Legault, Jean-François Lisée et Manon Massé –, il s’est lancé dans une grande tournée provinciale pour prendre le pouls des gens de toutes les régions afin de connaître leurs véritables préoccupations et d’orienter ses questions lors du débat.
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Monsieur Bruneau, qu’est-ce qui vous a amené à faire cette tournée du Québec?
Je pense que c’est une bonne façon de démontrer que TVA est près des gens, que nous sommes vraiment connectés à eux. C’est une de nos forces. C’est pour ça que nous sommes allés sur place pour connaître les préoccupations des gens avant les élections. Ç’a été l’occasion de faire de belles rencontres. Pour une fois, c’est moi qui allais chez eux. D’ailleurs, je leur disais: «D’habitude, c’est vous que je reçois dans mon studio. Eh bien aujourd’hui, c’est moi qui viens chez vous!»
Vous avez couvert un large territoire au cours de ce périple.
Le but était bien sûr de se rendre dans le plus de régions et de visiter le plus d’endroits possible. Je pense à Trois-Rivières, à Québec, à Rimouski, à Saguenay, à l’Estrie.
Quelle forme ont prise vos rencontres avec la population?
J’ai parlé avec beaucoup de médias locaux — des radios, des journaux —, je me suis rendu à divers endroits publics, comme des centres commerciaux ou des lieux extérieurs très fréquentés. Je suis allé à la rencontre des gens, et ça m’a permis de constater qu’un vrai lien s’est créé entre eux et moi au fil du temps. Comme nous sommes en période électorale, des gens me disaient: «Présentez-vous en politique!» Je leur répondais: «Votez TVA!»
Pourquoi, pensez-vous?
Ça fait 42 ans que je suis chef d’antenne à TVA. Une jeune journaliste de 22 ans m’a dit que j’étais le seul chef d’antenne qu’elle avait connu, et un homme de 44 ans, à ses côtés, m’a dit: «Moi aussi, c’est la même chose.» Je crois que j’ai développé une bonne crédibilité auprès des téléspectateurs, car même si on est dans l’ère de la «zappette», 800 000 personnes choisissent de me suivre tous les soirs.
Cette confiance que les gens vous portent a dû être utile pour recueillir leurs opinions...
Les gens m’ont confié beaucoup de choses qui touchent à leur quotidien. J’ai ressenti beaucoup d’inquiétude, d’angoisse et d’incertitude à propos de plusieurs sujets. Ça m’a permis de bien choisir les questions à poser aux chefs politiques lors du débat que j’ai animé le 20 septembre.
Justement, quels sujets ont-ils abordés avec vous?
Les gens ont souvent des préoccupations qui sont très terre-à-terre. Deux sujets qui revenaient très souvent sont les aînés et l’éducation. C’est certain qu’avec le vieillissement de la population, les aînés sont un enjeu majeur. Quant aux jeunes, ils tiennent à avoir un accès à l’éducation supérieure afin de décrocher un diplôme.
Il y a aussi la question des régions qui est très présente. Les enfants partent pour aller étudier en ville et ne reviennent pas. Cela cause la séparation de plusieurs familles, et la situation ne changera pas tant qu’il n’y aura pas de développement sérieux en région.
La santé doit aussi être un sujet important...
Absolument, et les régions ont justement de gros problèmes à propos des soins de santé qui leur sont accessibles. Par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, à Matane, une dame m’a dit que l’orthopédiste du coin était parti et que pour en voir un, il fallait maintenant qu’elle aille à Rimouski. Ici, encore, le vieillissement de la population peut avoir des effets sérieux.
Les gens font-ils encore confiance aux politiciens pour régler ces problèmes?
Malgré le cynisme qui entoure parfois notre vision des politiciens, on n’a pas vraiment le choix. Au bout du compte, quand on pense à des sujets comme l’éducation, la santé et le développement régional, ce sont les seuls qui peuvent apporter de véritables changements.
Était-ce la première fois que vous faisiez une tournée du genre?
Il y a une quinzaine d’années, j’avais fait une tournée du Québec pour TVA, mais ce n’était pas du tout comme celle-ci. Cette fois-ci, on s’est promenés vraiment partout et on avait un but précis. Ç’a été une expérience fantastique et très inspirante. C’est quelque chose que je vais très certainement vouloir répéter.
Sur une note plus légère, vous disiez que les gens vous suivent à travers les générations. Parmi vos enfants et vos petits-enfants, y en a-t-il qui semblent intéressés à reprendre le flambeau?
Je n’ai pas l’impression qu’il y en a un parmi eux qui souhaite suivre mes traces. (rires) Par contre, je peux dire qu’ils ont tous su développer l’art de communiquer.