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QUB radio: «Je vais m’y prendre autrement» -Benoit Dutrizac

Crédit photo: Jocelyn Michel / leconsulat.ca

« J’ai fait une cure. Tu trouves pas que j’ai l’air plus jeune ? » Benoit Dutrizac pose la question pour plaisanter, mais n’empêche. En cette matinée d’automne, quelques semaines avant de retrouver un micro de radio, le journaliste et animateur paraît reposé, voire serein. En entrevue au Journal, le franc-tireur dit avoir rechargé ses batteries depuis son congédiement du 98,5 FM, en juin 2017. « J’ai retapé mon garage, j’ai bizouné... J’ai pris du temps pour voir mes enfants, pour voir Mme Dutrizac... Ça fait du bien d’arrêter. C’est bon de faire autre chose. »

Benoit Dutrizac reprendra un rythme de croisière plus effréné à partir du 15 octobre, date où il deviendra le premier morning man de QUB radio, la nouvelle radio numérique de Québécor. Du lundi au vendredi, il réveillera les auditeurs aux commandes de Dutrizac de 6 à 9, un rendez-vous qu’il qualifie de « différent » : moins de débats, moins d’opinions et beaucoup plus d’informations.

« Je vais m’y prendre autrement, souligne le bouillant intervieweur. Moi, entendre des gens crier le matin, ce n’est pas vraiment mon truc. Je sais quel ton utiliser pour qu’on apprenne des choses. Après, les gens forgeront leur propre opinion. »

Chaque matin, Dutrizac sera entouré d’un groupe de collaborateurs incluant Emmanuelle Latraverse et Mario Dumont.

« C’est une option aux émissions présentement en ondes. Parce qu’aujourd’hui, les gens ont essentiellement deux choix : Paul Arcand et Alain Gravel. Le reste, c’est des radios musicales, des coin-coin... Mais c’est correct. »

La patente

Benoit Dutrizac peine à trouver les mots justes pour décrire les émotions qu’il ressent avant l’entrée en ondes de Dutrizac de 6 à 9. Attablé dans un studio de photographie du quartier Mile-End, à Montréal, il parle d’un mélange de stress, de plaisir et d’angoisse.

« Ça n’arrive pas souvent dans une vie de participer à quelque chose de nouveau. Arriver au moment où tout le monde essaie de définir la patente, c’est excitant. »

L’animateur aurait reçu plusieurs offres après son départ du 98,5 FM. Son choix s’est arrêté sur QUB radio par soif d’audace. « Je n’avais pas envie de retourner faire une émission du midi. Je n’avais pas envie de faire ce que j’ai déjà fait. »

Une démotion?

Aujourd’hui, Benoit Dutrizac discute de radio numérique avec beaucoup d’enthousiasme, mais ça n’a pas toujours été le cas. Tout au début (et bien avant de qualifier cette « patente » de « radio du futur »), le baby-boomer de 57 ans hésitait à faire le grand saut.

Ses deux enfants aînés, des milléniaux en bonne et due forme âgés de 25 ans et 27 ans, l’ont convaincu du contraire.

« Quand on m’a présenté le projet de radio web, j’ai fait : “Ouf... C’est comme une démotion. Je m’en vais sur internet après avoir été premier le midi au 98, 5...” Mais j’ai parlé à mes deux plus vieux et j’ai commencé à lire des choses... Et ç’a changé ma façon de penser. »

Des limites

Apparue au milieu des années 1990, la radio numérique n’est encadrée par aucune règle du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), ce qui en fait un lieu de liberté totale, clame celui qui a déjà été congédié des Francs-tireurs pour avoir tenu des propos jugés déplacés sur l’islam et pour avoir ouvertement critiqué la direction de Télé-Québec.

« C’est sûr qu’il y a des sans-dessein qui vont en abuser pour dire des conneries, mais moi, je n’ai pas besoin du CRTC pour me dire ce que je peux et peux pas dire. Je connais les limites. Je connais la différence entre liberté d’expression et liberté de diffamation. »

Une découverte

Parlant de radio numérique, Benoit Dutrizac a découvert les balados au cours des 12 derniers mois. Parmi ses préférés, il cite Crimetown et Serial, deux séries documentaires de journalisme d’investigation, The Daily, un bulletin de nouvelles quotidien du New York Times, et Inside, qui raconte les dessous de films cultes du cinéma américain comme Jaws et Psycho.

« J’ai fait des travaux en écoutant des podcasts. Ça m’a permis d’apprendre tellement d’affaires ! C’est extraordinaire. »

Sans surprise, Benoit Dutrizac aura son propre balado quand QUB radio sera officiellement lancée. Intitulé Si j’achetais un char, ce podcast en cinq épisodes permettra aux auditeurs de suivre l’animateur dans l’achat d’un nouveau véhicule.

« C’est une remise en question de notre rapport aux chars. Je veux m’acheter une voiture pour ma fête, mais celle qui m’intéresse est trop polluante. Je pense que c’est drôle. »

«Pas de bullshit»

Après son « mariage forcé » avec Cogeco, la compagnie propriétaire du 98,5 FM, Benoit Dutrizac tenait à choisir sa prochaine alliance avec soin. Voilà pourquoi il a mis les choses au clair avec Québecor Média d’entrée de jeu, avant de signer quoi que ce soit.

« J’ai eu des discussions avec tout le monde. En gros, je voulais dire : si quelque chose accroche, on s’en parle honnêtement, ouvertement et face à face. Pas d’entourloupettes, pas d’hypocrisie et pas de bullshit. On se serre la main, on se souhaite bonne chance et c’est fini. Parce qu’on est tous des adultes. Quand ça ne marche pas dans un couple, tu n’engages pas un tueur à gages ; tu dis juste : “Chérie, on ne s’aime plus.” »

Un nouveau départ

Selon ses dires, Benoit Dutrizac est « passé à autre chose vite, vite, vite » après avoir été remercié du 98,5 FM au printemps 2017, à la suite d’une entrevue houleuse avec Lino Zambito. Mais à l’écouter parler, on comprend qu’il ressent – encore aujourd’hui – une certaine forme d’aversion pour son ex-employeur, lequel a ensuite confié sa case horaire à Bernard Drainville. En plus d’avoir retiré la station des postes préprogrammés dans son auto, le père de famille semble éprouver un malin plaisir à lancer en entrevue des phrases comme « La radio conventionnelle, c’est du passé ».

« Chaque fois que j’étais en vacances, un libéral apparaissait dans mon émission. Le premier lundi après mon départ pour l’été, Jean Charest accordait une entrevue à mon remplaçant, dit-il. Quand les membres d’un parti refusent de venir durant l’année, ils n’ont pas d’affaires à venir quand tu t’absentes. »

Affection du public

Benoit Dutrizac a été inondé de messages de soutien du public après son renvoi (ou plutôt sa « fin de service ») du 98,5 FM.

Cette avalanche de témoignages l’a grandement touché.

« J’ai été ébranlé par l’affection des gens. C’était comme un baume sur mes plaies. Encore aujourd’hui, quand je sors de chez nous, les gens me disent qu’ils s’ennuient de moi... Je n’ai jamais guéri personne du cancer, mais je n’avais jamais réfléchi à l’impact qu’on peut avoir dans la vie des gens. »

Discrétion

L’animateur s’est fait discret après avoir acquis son statut d’agent libre. En décembre, son apparition dans l’émission de Jean-Charles Lajoie au 91,9 Sports Montréal a fait grand bruit. Dutrizac a profité du moment pour décrier le manque de chansons québécoises lors des matchs du Canadien au Centre Bell.

« Je suis allé pointer ma binette où j’en avais envie. Je suis allé voir Stéphan Bureau, Alain Gravel, Christiane Charette... des gens que je respecte. J’ai choisi mes sorties. »

Fierté

Son histoire au 98,5 FM a beau s’être mal terminée, Benoit Dutrizac est fier du travail qu’il a accompli durant ses neuf années de loyaux services. Travail qu’il n’aurait jamais pu réaliser sans son équipe, souligne le principal intéressé.

« On a aidé des gens, on a pris des dossiers en main. Parce que ma job, c’est d’informer les gens, les divertir et avoir un impact dans leur communauté. Si t’es dans les médias et tout ce qui t’intéresse, c’est de parler de toi... Moi, je ne l’ai jamais fait. Les gens ne savent pas de quoi ont l’air ma maison, ma femme et mes enfants. Parce que c’est privé. »

Où trouver QUB radio?

En téléchargeant l’application

  • Application de TVA Nouvelles
  • Application J5
  • Plateformes comme TuneIn et MyTuner Canada

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