Après avoir ouvert plusieurs bureaux ailleurs au pays, la Banque Royale a inauguré mardi son antenne en intelligence artificielle à Montréal en grande pompe avec son PDG dans ses nouveaux locaux branchés du Mile-Ex.
«Borealis AI est un investissement de plusieurs millions de dollars pour nous à Montréal. On va commencer avec une quinzaine de chercheurs. On prévoit faire passer ce nombre à plus de 40 au cours des prochaines années», a confirmé le PDG de la Banque Royale, David McKay.
En gros, l’équipe naissante de Borealis AI a mis son pied dans la métropole il y a quelques semaines dans des bureaux temporaires pour élire finalement domicile dans le centre en intelligence artificielle du quartier du Mile-Ex, où sont des géants technos comme Microsoft.
Pour marquer son arrivée dans le quartier, la Banque Royale a annoncé une aide financière de 1 million $ à l’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR) pour appuyer des recherches portant sur l’éthique en intelligence artificielle.
Toronto d’abord
«On a commencé à Toronto, il y a deux ans», a expliqué Foteini Agrafioti, la scientifique en chef de la Banque Royale, qui porte aussi le chapeau de chef de Borealis AI.
Ensuite, la banque a ouvert un deuxième centre à Edmonton l’an dernier. Aujourd’hui, l’entreprise est à Vancouver, Waterloo... et maintenant à Montréal.
«Montréal est un excellent endroit pour attirer des personnes d’Inde, d’Europe, d’Iran, de certains qui n’auraient pas nécessairement voulu aller travailler aux États-Unis. C’est une bonne place pour attirer les chercheurs étrangers», estime le numéro un de la Banque RBC, David McKay.
Mardi, M. McKay n’a pas manqué de souligner la qualité du talent que l’on retrouve ici. Les travaux du chercheur de renommée mondiale Yoshua Bengio de l’Institut de valorisation des données (IVADO) ont notamment attiré son attention.
Emplois à 100 000 $
Dans ce secteur, les emplois sont bien payés. Les développeurs ont souvent un salaire de 100 000 $ et plus par année. «Les chercheurs en apprentissage (machine learning) peuvent gagner bien plus que ça», a ajouté Mme Agrafioti.
Pour la Banque Royale, le jeu en vaut la chandelle. Les institutions financières comme elle ont grand besoin de cerveaux pour développer de nouveaux outils pour prévenir la fraude ou encore de puissants ordinateurs capables de digérer une quantité de plus en plus importante d’informations financières.
«Les machines peuvent chercher dans plus de 7000 publications chaque jour et, à l’aide de prédictions, nous dire "on pense que ces 10 publications-là ont le plus d’impact sur le cours des actions», s'est enthousiasmé le PDG de la Banque Royale.
Quatre questions à David McKay
Pourquoi êtes-vous «prudent» face à l’industrie du cannabis?
On doit être très prudent avec les lois américaines, avec ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire dans ce pays. Comme vous avez vu, les services frontaliers américains ont des restrictions quand on traverse les frontières. On ne comprend pas tout à fait les effets de la loi concernant le fait de faire des affaires au Canada, et ce que ça implique aux États-Unis [...] On a une approche prudente en raison du manque de clarté autour des lois.
Comment gérez-vous l’explosion des risques liés à la cybersécurité?
C’est notre priorité: protéger l’information et sécuriser non seulement le système de la Banque Royale, mais l’ensemble du système canadien. Les banques travaillent de concert, de près. Nous partageons de l’information. Nous nous disons ce qui se passe. La confiance des Canadiens envers le système de paiement est critique. Les consommateurs ne doivent pas la perdre. Nous avons intérêt à travailler ensemble avec toutes les institutions.
Comme PDG, sentez-vous que la cybersécurité prend plus de place?
Oui. On doit se protéger contre les actes malveillants. [...] Il y a un certain nombre d’acteurs étrangers qui essayent de tirer profit de situations ou de créer des perturbations dans le pays. Il faut se protéger. C’est une grande priorité pour le gouvernement du Canada et du Québec. C’est une grande priorité pour les entreprises. Le monde se numérise, les choses se branchent plus facilement. Il y a donc plus de vulnérabilité. Il faut donc renforcer la sécurité.
Est-ce que les baisses d’impôt de Trump ont fait mal à notre économie?
C’est plus l’incertitude entourant l’ALÉNA que les baisses d’impôts qui ont fait mal à l’économie. Quand vous ne savez pas quels sont les quotas, les tarifs, vous attendez avant d’investir. L’incertitude autour des investissements en énergie en raison de l’approbation de pipelines a indéniablement fait fuir des capitaux aussi.