Pour se reconnecter avec la majorité francophone, le Parti libéral du Québec (PLQ) doit songer à se ranger derrière le compromis Bouchard-Taylor sur les symboles religieux, estime Alexandre Taillefer.
«Il y a certainement un questionnement à avoir par rapport [à la position du PLQ sur] les signes religieux, définitivement», a-t-il lancé lundi à l’entrée de la cérémonie d’assermentation des élus libéraux.
«On a abordé aujourd’hui la question de Bouchard-Taylor. Est-ce qu’on doit arriver à un compromis, c’est quelque chose qui va être sur la table, mais ce n’est certainement pas à moi d’en juger», a ajouté l'homme d'affaires, qui a présidé la campagne électorale du PLQ.
La Coalition avenir Québec a relancé le débat sur la question en annonçant qu’elle interdirait le port de symboles religieux pour les juges, gardiens de prison et policiers, la formule proposée à l’époque par la commission Bouchard-Taylor – mais aussi aux enseignants.
Historiquement, le PLQ s’est toujours opposé à cette formule. L’ancien chef Philippe Couillard estimait qu’il s’agissait de «discrimination vestimentaire».
Le député de la circonscription anglophone de D’Arcy McGee David Birnbaum n’a toutefois pas souhaité reprendre cette formule. «C’est un enjeu de longue date. La question du vivre ensemble n’est pas simple. On ne veut pas écarter quelque solution que ce soit. Que ce soit un débat serein et sérieux qui prend en ligne de compte les besoins de la majorité du Québec, mais aussi des minorités», a-t-il dit.
Il croit que le parti doit revoir ses positions étant donné la raclée qu’il a subie chez l’électorat francophone. «Avec tout respect, les Québécois nous ont parlé de façon assez claire. Nous avons à les écouter, avec notre tradition de 150 ans. De trancher là-dessus aujourd’hui, ce n’est pas la chose à faire. Est-ce que les francophones nous ont lancé un très sérieux message? La réponse c’est oui. Alors on va les écouter. On va penser, on va réfléchir là-dessus», a-t-il dit.
D’autres se font toutefois plus fermes sur cette question. La recrue Marwa Rizqy estime que le compromis que le parti a fait a déjà eu lieu lorsque le gouvernement Couillard a adopté la loi 62. «Après analyse de l’ensemble de la jurisprudence, on se rend compte que c’était là où on pouvait aller le plus loin pour d’une part protéger les droits et libertés et d’autre part entendre les enjeux de la population», a-t-elle dit.
Elle souhaite cependant «travailler» pour mieux comprendre la population et «comprendre pourquoi il y a autant de crainte à l’endroit de certaines religions».