Une élection historique! Un vote crucial pour l’avenir des États-Unis! Un référendum sur Donald Trump!
On ne se rappelle pas une élection de mi-mandat ayant suscité autant d’intérêt de ce côté de la frontière. Il faut dire qu’entre les bombes, l’attentat à la synagogue, les publicités racistes et la menace présumée de la caravane de migrants, l’Amérique nous a offert un portrait peu reluisant de sa société depuis quelques semaines!
On peut dire sans se tromper que la majorité des Québécois espèrent voir les démocrates reprendre le contrôle du Congrès ce soir. Ce serait là une victoire non négligeable contre la misogynie, les tensions raciales, la peur et la méfiance qu’a semées Donald Trump.
C’est certain, ça ferait du bien. Mais, attention, une victoire démocrate n’est pas garante d’une meilleure stabilité économique. Car la question se pose: le nouvel ALENA, ou plutôt de l’Accord États-Unis Mexique Canada (AEUMC), deviendra-t-il une monnaie d’échange dans un éventuel bras de fer entre la Maison-Blanche et les démocrates?
Nouvelle vague d’incertitude
La conclusion d’un accord de principe entre les trois pays le 30 septembre dernier, n’était qu’une étape. L’accord devra encore être ratifié par les trois pays. Et aux États-Unis, cette tâche reviendra au nouveau Congrès en 2019.
Or dans le monde surréel de la politique américaine, bien difficile de prévoir ce qui va arriver. Certains républicains sont devenus protectionnistes, d’autres démocrates sont en faveur du libre-échange.
Peu importe qui détiendra la majorité tant au Sénat qu’à la Chambre des Représentants, la bataille vers la ratification promet d’être ardue, de l’aveu même du leader républicain au Sénat.
Pas surprenant qu’une équipe spéciale à l’ambassade du Canada à Washington ait été mise sur pied pour lancer une nouvelle offensive de lobbying dès le lendemain de l’élection. Il manquerait jusqu’à 85 votes pour ratifier l’Accord, qui sait ce qui arriverait avec une majorité démocrate à la Chambre des représentants.
Des pouvoirs limités
Peu d’observateurs s’attendent à ce que le prochain Congrès bloque le nouvel accord. Ses mesures protectionnistes ont ravi bien des syndicats et offrent assez de marge de manœuvre pour que les politiciens des deux côtés puissent y voir une avancée pour les travailleurs et le secteur manufacturier américain.
Le risque c’est que dans le climat ultra partisan qui sévit à Washington, les démocrates ne mettent des bâtons dans les roues, afin de priver Donald Trump d’une «victoire historique».
Un nouveau bras de fer partisan sur ce sujet ne risque que d’alimenter davantage l’incertitude économique qui plane depuis trop longtemps déjà. À moins bien sûr que Donald Trump ne fasse de la ratification de l’AEUMC un acte patriotique en pleine guerre commerciale avec la Chine, comme le suggéraient les analystes de Foreign Policy.
Des enquêtes, des enquêtes et d’autres crises
Tous les analystes s’entendent sur une chose: une prise de contrôle de la Chambre des représentants par les démocrates annonce une ère d’enquêtes multiples sur les finances de Donald Trump et sa famille, les allégations de corruption et d’ingérence Russe.
Une longue liste de casse-têtes qui frapperont au cœur de la légitimité du président.
On peut déjà entrevoir sa réponse : elle sera virulente, divisive, sans scrupules.
Il est bien là le risque pour le Canada.
Donald Trump n’a jamais hésité à fabriquer des crises de toute pièce pour distraire l’opinion publique des réels problèmes de son administration. Avec les tempêtes politiques qui le guettent, le Canada ne peut qu’espérer ne pas se retrouver dans sa mire à nouveau.