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Entre le Pacte et la Résistance

Il faut lire la vague de critiques et d’attaques qu’ont reçue les artistes et vedettes qui ont signé «Le Pacte pour la transition» de Dominic Champagne pour comprendre pourquoi les partis politiques évitent de faire campagne sur l’environnement et les changements climatiques.

Tout le monde est en faveur de sauver la planète. Mais les moyens pour y arriver divisent, polarisent.

La raison est simple : l’équilibre entre croissance économique et environnement est plus facile à dire qu’à faire. Parlez-en à la première ministre de l’Alberta Rachel Notley, ou aux travailleurs de la cimenterie de Port-Daniel en Gaspésie.

Le Pacte de la vertu collective

«Donneurs de leçons» «Puant de religion, de rectitude et de moralisation»

Voilà quelques exemples des invectives qu’ont reçues plusieurs signataires du Pacte au cours des derniers jours.

Ces réactions m’ont rappelé une conversation que j’ai déjà eue avec Philippe Couillard à la veille de sa participation au Sommet de Paris.

On s’entend, le leadership environnemental de l’ancien premier ministre libéral était reconnu ici, comme sur la scène internationale. Or, ce jour-là, Philippe Couillard m’avait aussi admis que la seule façon pour une société d’engager un vrai virage vert était d’amener les citoyens à changer leur mode de vie; et ça, ça prendrait du temps.

Consommation, alimentation, tout devait y passer. Or, les citoyens sont des électeurs. Un véritable champ de mines politique, surtout quand on sort des grandes villes.

Les partisans de la vertu environnementale vous diront que le succès électoral de Québec Solidaire est la preuve que la mobilisation verte peut rapporter aux urnes. C’est oublié que QS n’a reçu l’appui que de 16,8% de la population.

La réalité c’est qu’au-delà du compostage et du recyclage, l’environnement coûte cher. Politiquement et personnellement.

Le risque de la Résistance !

Les libéraux fédéraux vous diront qu’ils sont prêts à faire la prochaine campagne fédérale sur leur taxe sur le carbone ? C’est oublier que Justin Trudeau ne l’a jamais mentionnée clairement pendant la campagne de 2015.

Les libéraux veulent davantage se servir de leur taxe carbone pour faire passer les conservateurs pour des dinosaures.

Il faut voir la une du magazine Maclean’s cette semaine pour comprendre l’idée.

Entouré des premiers ministres de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et du chef conservateur albertain, Andrew Scheer est assis au cœur du groupe avec la mention «La Résistance». Lire ici la résistance à la taxe carbone de Justin Trudeau. Ou lire ici, la résistance des mononcles contre le climat.

C’est selon.

Le message des chefs conservateurs est clair : non à la taxe sur le carbone.

Il faut dire que celle-ci n’est pas simple à comprendre, et à vendre. Vous paierez plus cher à la pompe toutes les semaines, mais une fois par an Ottawa vous donnera un rabais sur vos impôts. Et ça, c’est censé sauver la planète ?

Pas surprenant que les conservateurs d’Andrew Scheer s’y opposent et font le pari que ça ne passera pas chez les électeurs des banlieues qui détiennent la clé du pouvoir au Canada.

Le beau jeu de François Legault... Et celui d’Andrew Scheer ?

François Legault a fait son mea culpa environnemental. Il a rencontré Dominic Champagne vendredi. Trois de ses ministres participeront à la grande marche «La planète s’invite au Parlement».

Bravo.

Il a le beau jeu d’avoir placé la barre si bas en matière d’environnement que le moindre geste est interprété comme une avancée de sa part.

Les conservateurs ne peuvent qu’espérer qu’Andrew Scheer aura droit au même bénéfice du doute.

Pour survivre à la bataille électorale, il ne s’agit pas pour lui de se transformer en Al Gore canadien, mais plutôt de proposer un plan crédible contre les changements climatiques. Un plan assez étoffé pour faire oublier les ratés du gouvernement Harper.

Qui sait, peut-être offrira-t-il un «Pacte vert conservateur»...

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