Une manifestation contre la démolition d'une maison vieille de près de 200 ans à Chambly a dégénéré et les autorités ont dû procéder à au moins une arrestation.
Des manifestants s'étaient rassemblés devant la maison du patriote Boileau, mais voilà que Christian Picard, citoyen et ancien candidat du Parti québécois, faisait blocus et a été arrêté.
Rencontré par TVA Nouvelles alors qu'il se faisait emmener par les policiers, il a affirmé que le maire Denis Lavoie s'était engagé à rénover la maison, mais a finalement renié sa parole, une information démentie par M. Lavoie.
«Hier soir, il a ordonné à ses employés de démolir la maison et personne n'est au courant. Aucun citoyen, le conseil de ville n'a pas été saisi de ça, c'est une directive pour démolir la maison», a-t-il affirmé.
«Il considère que l'Histoire, le patrimoine, n'a aucune valeur, comme citoyen et comme Québécois, on n'a pas droit de laisser faire ça», d'ajouter M. Picard.
Le maire réplique
Le maire Denis Lavoie qui est en congé quelques jours sous les conseils de son médecin a quand même tenu à joindre TVA Nouvelles pour dénoncer les propos qu’il qualifie de démagogiques prononcés par le citoyen Christian Picard qui a été arrêté plus tôt dans la journée par les agents de la Régie intermunicipale Richelieu-Saint-Laurent.
«C’est totalement faux ce que M. Picard a dit, a affirmé Denis Lavoie. Je n’ai jamais contacté mercredi soir le directeur général de la Ville pour lui donner le feu vert pour la démolition de la maison Boileau. Je suis même prêt à vous montrer mes relevés téléphoniques. Je n’ai pas parlé à personne hier soir à 22 h. Mon dernier coup de fil a été fait à 20 h et c’était à mon fils qui est à Halifax. S’il y a une chose que je n’apprécie pas dans la vie, ce sont les gens qui ne disent pas la vérité. On peut faire de la politique sans travestir la politique.»
Le maire Lavoie ajoute que la décision de démolir la maison Boileau est une décision de la direction générale basée sur de récents rapports.
«La responsabilité du directeur général de la Ville de Chambly est de s’assurer de la sécurité des bâtiments, mais aussi des citoyens et citoyennes», a ajouté M. Lavoie.
En ce qui a trait à un projet pour remplacer la maison Boileau, une fois sa démolition terminée, le maire de Chambly n’a pas voulu rien dévoiler. Il affirme que cette décision reviendra aux élus du conseil de ville éventuellement. Sa vision, dit-il, est cependant de préserver l’histoire.
La ministre de la Culture interpellée
Le manifestant a également interpellé la ministre de la Culture, Nathalie Roy, «d'intervenir de façon urgente pour protéger la maison Boileau», a-t-il lancé.
Pourquoi démolir la maison? Pourquoi ne pas aviser la population? TVA Nouvelles a rencontré le directeur général de la Ville de Chambly.
«Ce n'est pas la Ville en tant que telle qui a pris la décision, c'est moi. C'est pas le conseil, c'est pas le maire, c'est pas les élus, c'est moi qui ai pris cette décision étant donné la dangerosité et la vétusté. On le savait depuis un certain temps», a expliqué Michel Larose.
Selon lui, le rapport d’entrepreneurs était formel: il y avait urgence d'agir. «Le danger était imminent. Le bâtiment bougeait, il n'avait plus d'appuis», ajoute M. Larose.
Dans les années 1820, la maison Boileau était habitée par le notaire René Boileau, un patriote au coeur de la révolution de 1837-1838.
Louise Chevrier, de la Société d'histoire de Chambly, était présente lors de la démolition. Elle disait ne pas être capable de regarder ce triste spectacle.
«Ça me fait mal au coeur, c'est un patrimoine de 200 ans qui disparait sous nos yeux», de dire la citoyenne qui ne croit pas aux possibles risques que représentait la maison
«On avait fait la démonstration que les rapports d'experts n'étaient pas approfondis. Cette maison avait été consolidée. On n'a pas de nouvelles. On pose des questions à l'Hôtel de Ville depuis des mois et on ne nous répond jamais.»