L’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) estime que 3559 logements sous sa responsabilité seront contaminés par des coquerelles d’ici la fin de l’année, a appris TVA Nouvelles.
La situation ne s’améliore pas puisqu’il s’agit d’une hausse de 8 % par rapport à l’an dernier du nombre d'appartements envahis par les blattes.
La lutte aux punaises de lit, elle, s’améliore, mais pour la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique, il s’agit d’un grave problème de santé publique.
Cette fédération insiste pour avoir une intervention plus accrue de l’État.
Une lutte sans pitié sur le terrain
Lundi après-midi, TVA Nouvelles a accompagné Mélanie Sanche, directrice du service de la salubrité de l’OMHM dans l’un de ses immeubles de la rue Ontario, dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Sanche et ses équipes de l’OMHM mènent une lutte impitoyable contre ces bestioles, mais les enrayer semble impossible.
Mélanie Sanche ne veut surtout pas blâmer les locataires. «Nous avons des locataires qui vivent seuls et qui sont à mobilité réduite. Il est parfois difficile pour eux de faire la préparation de leur appartement avant l’arrivée de l’exterminateur pour les traitements de coquerelles et de punaises de lit», a-t-elle expliqué.
«La préparation du logement consiste à vider les armoires, les nettoyer et enlever toute trace de gras. Il faut aussi placer les vêtements dans des sacs après les avoir passés à la sécheuse à haute température pendant 30 minutes.»
Mme Sanche fait remarquer que dans 25 % des logements ciblés, la préparation n’a été faite par le locataire.
«On fait environ 10 000 inspections par année. Dans 15% des cas, c’est nous qui découvrons les coquerelles ou punaises de lit alors que l’infestation est majeure», a-t-elle précisé.
Selon les chiffres de l'OMHM, le bilan s’améliore dans la lutte aux punaises de lit. Alors que 2748 logements étaient contaminés en 2017, les projections montrent que 2163 le seront en décembre 2018, soit une baisse de 21 %.
La difficulté est plus grande pour l’élimination des coquerelles. Il y avait 3289 logements contaminés en 2017, contre 3559 cette année selon les projections, soit une hausse de 8 %.
Il y a, au total, 5722 logements sur 21 000 affectés par cette problématique urbaine.
«On fait beaucoup de sensibilisation. On demande aux locataires de nous contacter lorsqu’ils constatent la présence de vermine», a fait savoir le porte-parole de l’OMHM, Mathieu Vachon.
«Les gens ne doivent pas avoir peur, ils ne perdront pas leur logement. Au contraire, on va se rendre sur place, on va analyser la situation et trouver le meilleur traitement. Il n’y a aucuns frais. La dernière chose à faire, c’est de ramasser des meubles dans la rue. Souvent, ce mobilier sera infesté de coquerelles et punaises de lit», a précisé M. Vachon.
«Un enfer»
Pour le coordonnateur de la Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec, Robert Pilon, les locataires de ces logements à prix modiques vivent un «enfer».
«C’est un fléau [...]. L’Office municipal d’habitation de Montréal ne fournit pas, malgré sa bonne volonté. On ne doute pas de leur effort, car le problème est toujours là, il est récurrent», a-t-il dit.
«C’est pour ça qu’on fait appel à la ministre responsable de l’Habitation à Québec, Andrée Laforest, afin qu’elle bouge, se saisisse du dossier et qu’elle reconnaisse que c’est un grave problème de santé publique», a poursuivi M. Pilon.