La comédienne Patricia Tulasne est «choquée» et «révoltée» de savoir que sa plainte pour agression sexuelle contre Gilbert Rozon n’aboutira pas devant les tribunaux, a-t-elle déclaré en entrevue avec Denis Lévesque.
«Ce que je remets en question un petit peu aujourd’hui, c’est le système de justice globalement, exprime-t-elle. Le fardeau de la preuve hors de tout doute raisonnable, c’est quasiment impossible!»
Depuis le début de la semaine, des femmes, dont Mme Tulasne, ont été informées par le DPCP qu’aucune accusation ne serait déposée contre le fondateur de Juste pour rire. Dans le cas d'une personne, la Couronne a toutefois estimé mercredi que la preuve était suffisamment solide pour déposer des accusations criminelles contre Rozon.
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Alors que les plaignantes ont été interrogées et «cuisinées» pendant des mois pour évaluer le fondement de leurs plaintes, «pendant ce temps-là, le défendeur lui, a droit au silence!» dénonce-t-elle.
«Moi je trouve que c’est une injustice totale, s’exprime-t-elle. C’est ça aussi qui m’a révolté hier! J’ai dit : mais finalement, cette justice, elle est du côté de l’agresseur, elle n’est pas du côté des victimes!»
«Impuissance»
Un peu plus tôt mercredi, elle a dit se sentir impuissante face au système de justice en entrevue avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio.
«On se sent impuissantes. On nous dit “dénoncez, dénoncez” et “bravo, c’est formidable de dénoncer”. Et on se retrouve face à un procureur qui nous dit qu’il ne peut rien faire. Donc, à quoi ça
Mme Tulasne a soutenu qu’il est impossible de «prouver hors de tout doute raisonnable» que les victimes disent la vérité et qu’un crime a été commis.
«C’est ma parole contre celle de l’agresseur. Mais en même temps, ce n’est même pas ça, parce que l’agresseur n’a jamais été interrogé. C’est ma parole contre la présomption d’innocence», a-t-elle confié.
«Pour eux, et c’est là que ça coince, c’est que quelque part, j’ai consenti. À partir du moment où je ne me suis pas fait casser la figure et que je ne suis pas allée porter plainte tout de suite à la police, il n’y a pas de preuve hors de tout doute raisonnable. Moi, ils considèrent que j’ai consenti», a-t-elle déploré.
«J’ai eu l’impression qu’on me refusait l’accès à la Justice», a poursuivi Patricia Tulasne, qui fait partie des femmes qui avaient fait une sortie publique en octobre 2017 contre le fondateur de Juste pour rire.
Selon elle, «il y a des choses à changer» pour «que la loi évolue pour permettre aux victimes d’agressions sexuelles de se faire entendre et d’avoir accès à la Justice».
«Ce n’est pas parce qu’on ne dit rien qu’on consent, a-t-elle souligné. Et ce n’est pas parce qu’on cède qu’on consent. Céder n’est pas consentir. Céder parce qu’on a peur ou céder parce qu’on trouve que c’est la meilleure solution pour s’en sortir et qu’il n’y a pas d’autre issue, ce n’est pas forcément consentir.»
- Avec la collaboration de Jean-Philippe Daoust, Journal de Montréal