La conjointe d’un proxénète de 20 ans, qui a vécu des fruits de la prostitution juvénile et qui a elle aussi agi comme proxénète envers leur victime commune, a écopé de deux ans de prison.
«Quand vous sécurisez une jeune fille, quand vous lui fournissez des vêtements, quand vous la rassurez sur son anxiété qui diminuera, vous êtes un rouage essentiel de cette machine de consommation», a souligné la juge Johanne Roy quant à la responsabilité pénale de Cybille Castelli-Simon.
L’accusée de 22 ans a laissé entendre, lors de ses plaidoyers de culpabilité sur certains chefs le 20 décembre, que son conjoint, le proxénète Kristof Pons-Dion, exerçait un «certain contrôle menaçant» sur elle.
Selon l’accusée, qui est la fille d’Angelica Castelli, déportée en Haïti pour avoir été «la maman du Wolf Pack», elle devait participer aux activités de proxénétisme de Pons-Dion sous peine de «conséquences».
«Vous avez fait des choix dans le passé. Vous en aurez à faire dans le futur», l’a avertie la magistrate.
Comme une «maman»
Entre avril et juin 2017, Castelli-Simon agissait un peu comme une «maman» lorsque Jasmine (prénom fictif), 17 ans, en fugue, a commencé à se prostituer sous la direction de Pons-Dion. Ce dernier a écopé en décembre d’une peine de trois ans de prison.
L’accusée a donné des conseils à Jasmine, lui a donné des vêtements, l’a hébergée. Parfois, l’argent destiné à Pons-Dion transitait entre ses mains.
Puis, à l’hiver 2018, après plusieurs mois sans contacts, Jasmine, qui venait d’avoir 18 ans, est allée rejoindre dans un condo à Toronto Pons-Dion, dont elle était amoureuse.
Castelli-Simon y était, en compagnie de son bébé, qu’elle a eu avec le jeune homme.
Prostitution à Toronto
Pendant 8 jours, Jasmine a fait de nombreux clients. L’accusée a participé à la publication de photos de la victime pour offrir ses services sexuels sur le web.
Selon Jasmine, Castelli-Simon répondait aux clients et les accueillait. Elle recevait aussi l’argent pour le remettre à Pons-Dion.
Quand le proxénète a été arrêté, les deux femmes se sont rendues dans un motel de la région de Toronto.
La victime s’y est prostituée quelques jours, pour ramasser des sous «pour pouvoir faire sortir Pons-Dion de prison», a relaté la procureure de la Couronne, Me Geneviève Lacroix.
Registre des délinquants sexuels
La juge a entériné la suggestion commune de la poursuite et de l’avocat de Castelli-Simon, Me Denis Richard, d’une peine de deux ans pour l’accusée sans antécédent judiciaire.
La jeune mère sera inscrite au registre des délinquants sexuels pendant 20 ans.
La juge a invité la jeune femme, détenue depuis son arrestation en juillet, à se prendre en main. «Essayez de penser à votre enfant dans vos décisions futures et, si possible, qu’elle ait une vie différente de la vôtre», a affirmé la juge Roy.
La victime dans cette affaire aurait à son tour agi comme proxénète. Elle fait face à des accusations et est détenue.