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La Ville s’attaque aux boîtes à clé servant à du Airbnb illégal

La Ville de Montréal vient d’ajouter une arme dans sa lutte contre l’exploitation illégale de gîtes de type Airbnb. Les boîtes à clé installées sur le mobilier urbain seront désormais enlevées par les employés municipaux.  

Dans le centre-ville et dans le Plateau-Mont-Royal, de plus en plus de boîtes à clé, fermées avec un code numérique, se retrouvent sur des poteaux de parcomètre ou des supports à vélo.  

Selon le conseiller municipal Richard Ryan, celles-ci servent aux hôtes de résidences de tourisme illégales qui souhaitent demeurer dans l’anonymat.  

«C’est un système extraordinaire parce que l’intermédiaire n’a pas le besoin de se déplacer. Il peut être n’importe où et gérer ses appartements à distance, expose le responsable du dossier des résidences de tourisme dans l’administration de la mairesse Valérie Plante. Et comme une bonne partie des résidences de tourisme sont gérées dans l’illégalité, le fait d’installer [la boîte] sur le domaine public est très pratique pour rester confidentiel. Ce n’est pas relié à un numéro d’appartement ou une adresse.»  

Illégal  

L’élu du Mile End en remarque de nouvelles pratiquement à chacune de ses marches dans son quartier.  

«Il y a vraiment un phénomène. On en voit beaucoup sur les artères comme Saint-Laurent, Mont-Royal et du Parc. Mais c’est encore plus un problème dans Ville-Marie que dans le Plateau», ajoute Richard Ryan.  

M. Ryan prend désormais en note le lieu et demande aux employés municipaux de les couper. «Si tu n’as pas de permission, c’est illégal, alors on va les enlever et ça finit là», indique-t-il.  

Dans une publication Facebook, le conseiller municipal a même demandé aux citoyens de lui signaler les cache-clés.  

«On peut soupçonner que les gens qui sont rendus à mettre des cache-clés, ce ne sont pas les personnes qui louent leur propre logement pendant leurs deux semaines de vacances», ajoute Richard Ryan.  

Une loi floue?

 En 2015, Québec a décidé d'encadrer les plateformes d'hébergement. La loi 67 prévoit, entre autres, que «toute personne qui loue un logement pour une période de moins d'un mois et "sur une base régulière" doit obtenir une certification de "résidence de tourisme"».

Pour la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), la loi est floue. Que veut dire «sur une base régulière», au juste?

«On joue sur cet élément flou, soutient Hans Brouillette, directeur Affaires publiques de la CORPIQ. Donc, ça doit être précisé.»

Depuis six mois, c’est Revenu Québec et non plus le ministère du Tourisme qui est responsable de faire respecter la loi sur les résidences de tourisme.  

Selon les plus récentes données disponibles, de la fin juin à la fin août 2018, Revenu Québec a réalisé 2608 inspections partout en province et a émis 777 avertissements. Aucun constat d'infraction n'a toutefois été remis.

«On fait ces vérifications-là, ces inspections, pour s'assurer qu'il y ait évidemment un respect des obligations fiscales et une saine concurrence dans le secteur de l'hébergement touristique», indique Geneviève Laurier, porte-parole de Revenu Québec

Richard Ryan espère que ces enquêtes donneront lieu à des sanctions et permettront de remettre des logements sur le marché. «Si on pouvait en récupérer entre 2000 et 5000, ça serait fantastique», déclare Richard Ryan, qui rappelle qu’il y a plus de 8000 logements en location dans les arrondissements du Plateau et de Ville-Marie sur la seule plateforme Airbnb.  

C’est d’ailleurs pour freiner la perte de logements que depuis le 1er janvier, les résidences de tourisme légales ne sont permises que sur les rues Saint-Denis et Saint-Laurent dans le Plateau.

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