Un résident de l'arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie a appris avec surprise qu'il devra laisser son robinet ouvert 24 heures sur 24 pour les trois prochains mois après que des travaux aient été réalisés sur son entrée d’eau, ce qui causera une perte équivalente à sept piscines hors terre.
Stéphane Plante, un résident de la rue Dandurand et employé de NumériQ de Québecor, s’est vu remettre lundi un avis de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie lui demandant de «laisser couler un filet d’eau de 1 cm de diamètre à un de [ses] robinets, et ce, en tout temps jusqu’à la mi-avril».
La mesure vise à éviter que son eau gèle dans les tuyaux, après qu’une intervention d’urgence ait été effectuée sur l’entrée d’eau de son immeuble.
Depuis, le robinet de son bain laisse couler un filet d'eau suffisant pour remplir une tasse de 500 ml toutes les 20 secondes. En 98 jours, ce seront donc plus de 211 500 litres d’eau qui se seront écoulés, soit l’équivalent de sept piscines hors terre de 18 pieds du diamètre.
Pas significatif
«À une époque où on nous demande [de] faire attention, d’être zéro déchet et d’économiser l’eau, je n’en reviens pas que ce soit une solution de la Ville. Je suis très surpris», a lancé M. Plante.
Mais, selon le professeur titulaire spécialisé en ressources et approvisionnement en eau à la Polytechnique, Raymond Desjardins, il n’y a pas de raison de s’affoler.
«Si on compare ça à ce qu’il y a à Montréal, ça ne parait pas dans les chiffres significatifs. Il [se produit] entre 2,5 et 3 millions de mètres cubes [d’eau potable] par jour [à Montréal]. C’est gigantesque», a-t-il mis en perspective.
D’ailleurs, des données parues en 2017 montraient que 31 % de l’eau potable produite à Montréal était perdue dans le sol.
Procédure nécessaire
«Notre dépisteur [a] détecté une fuite sur le service, qui aurait pu dégénérer et occasionner une coupure d'eau définitive pour les résidents», a expliqué la chargée de communication à l’arrondissement, Judith Gratton Gervais.
La conduite d’eau a dû être excavée, ce qui l’a exposée au froid durant plusieurs heures, augmentant le risque que l’eau gèle dans les tuyaux.
«Cette procédure est requise depuis toujours, a précisé Mme Gratton Gervais. Par le passé, lorsque cette directive n'a été suivie, certains citoyens se sont retrouvés sans eau et une nouvelle intervention a été requise.»
Des quatre ménages qui demeurent dans l’immeuble où réside Stéphane Plante, deux devront se plier à cette mesure.
Entre 100 et 200 interventions similaires sont réalisées chaque année dans l’arrondissement de Rosemont – La Petite-Patrie. Toutes celles qui ont lieu en hiver nécessitent que les résidents touchés laissent couler un filet d’eau du robinet.