Les dirigeants de la résidence l’Éden à Laval, visée par des allégations de mauvais soins, se sont défendus de négliger leurs patients vendredi lors d’une visite-surprise de la ministre des Aînés.
«On n’est pas parfaits. Mais je suis convaincu qu’on n’est pas si pire que ça», a dit Alain Fafard, directeur général de l’Éden de Laval, un CHSLD qui a fait l’objet de plusieurs reportages et dénonciations dans la dernière année, et particulièrement dans la dernière semaine.
La ministre des Aînés, Marguerite Blais, y a fait une visite impromptue, vendredi. Les responsables du centre n’avaient pas été avertis de cette apparition, à laquelle a pu assister Le Journal.
«Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous aider ?» a demandé la ministre au directeur, qui a alors évoqué le sous-financement qui les empêche de payer suffisamment les employés pour rendre l’établissement compétitif.
L’Éden est un CHSLD privé non conventionné qui reçoit une enveloppe de 185 $ par jour du système public, a expliqué M. Fafard. Or, un centre d’hébergement privé conventionné avec des services et de l’équipement semblables reçoit davantage, soit 250 $, compare-t-il.
Le propriétaire Éric Lavoie a aussi mentionné la courte durée de ses contrats avec le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval, qui place les usagers à l’Éden en attendant de leur trouver une place dans le CHSLD de leur choix.
Évaluation
Les contrats ne durant qu’un an à la fois, il est difficile de planifier les dépenses à long terme pour rénover et acheter de l’équipement, a-t-il expliqué.
M. Lavoie est d’ailleurs devenu émotif quand la ministre s’est montrée empathique à son égard.
«On n’est pas des monstres», a-t-il assuré en retenant ses larmes.
Mme Blais a indiqué avoir demandé une évaluation des 46 CHSLD privés dans les prochaines semaines afin de vérifier s’il y a une « disparité financière ».
Accueil mitigé
Pendant la visite, aucun des résidents rencontrés n’avait de plainte à formuler et tous se sont dits heureux d’y être hébergés.
«Moi, je suis très bien», a insisté Claudette Dufresne, qui dit recevoir trois bains par semaine, soit un de plus que la norme hebdomadaire de la direction.
Mais les fils d’un résident atteint de la maladie d’Alzheimer ont tenu à rappeler que beaucoup de ces usagers n’étaient pas en mesure de réellement comprendre leur situation ou encore de s’exprimer.
«Il y a un manque flagrant de personnel, a dit Pierre Chapleau, fils d’Albert Chapleau, 93 ans. Quand mon père a de la crasse entre les orteils, ne venez pas me faire croire qu’il a été lavé.
«On a déjà informé une préposée qu’il venait de faire dans sa couche. Elle nous a répondu qu’elle l’avait déjà changé à 8 h. Je m’excuse, mais il n’y a pas d’horaire pour faire dans ses culottes», s’indigne-t-il.

Photo Chantal Poirier
Le propriétaire Éric Lavoie a discuté avec Mme Blais.
Préjugés
La directrice des soins, Cynthia Faublas, ne nie pas qu’il puisse y avoir eu des incidents, mais elle croit que le centre est aussi victime de préjugés en raison de sa mauvaise réputation.
«Tout est amplifié», dit-elle.
Et cette attention négative vient, selon elle, créer un cercle vicieux.
«C’est plus difficile de recruter et de retenir le personnel.»
Le fait que les résidents se retrouvent dans un centre qu’ils n’ont pas choisi et qui est souvent loin de leur famille vient aussi peser dans la balance, ajoute M. Fafard. Reste que malgré tout cela, l’Éden n’a cessé de s’améliorer dans les derniers mois, affirme-t-il.
Au moment de mettre sous presse, le CISSS de Laval n’avait pas pu être joint.