La mère du comédien Hugo St-Cyr, décédé d’un cancer des os en septembre 2015 à l’âge de 36 ans, a cheminé dans son deuil en écoutant et en se liant d’amitié avec d’autres parents endeuillés de partout au Québec.
Lisette Massy, 61 ans, a progressé dans le deuil de son célèbre fils, alias Michel Couillard du légendaire feuilleton Watatatow.
Rappelons qu’une grande vague de sympathie médiatique avait déferlé à la suite de son décès, alors que ses filles et de nombreux artistes lui avaient rendu hommage.
Et lorsque sa maladie avait été annoncée publiquement en septembre 2014, des témoignages d’encouragements de personnalités artistiques et du public avaient afflué sur les médias sociaux.
Le deuil d’une mère
Mais la mère de l’artiste était dévastée à l’automne 2015, alors que la fête de son fils est au mois de novembre et que le premier Noël sans lui a été un vide difficile à vivre.
« À cette période, j’avais l’impression qu’il allait franchir la porte de la maison dans cinq minutes, je savais que ce n’était pas vrai, mais c’est comme si ça me faisait du bien de penser cela, témoigne Mme Massy, alors que l’artiste était son enfant unique. Mais avec le temps, tu réalises graduellement que tu ne le reverras plus. »
Mme Massy avait aussi de la misère au début à raconter qu’elle avait vu souffrir son fils. « Je n’étais pas capable de le verbaliser sans pleurer à chaudes larmes, ajoute la mère du comédien. Je ne trouvais pas les mots pour dire ma peine. »
Groupes de discussions
Dans les cinq mois qui ont suivi le décès, Mme Massy s’est résolue, petit à petit, à entreprendre des démarches pour parler de sa peine, sous la recommandation d’une travailleuse sociale. Cette dernière lui a recommandé de participer à des groupes de discussions de parents endeuillés. Même si elle ne croyait pas que cela était fait pour elle au début, Mme Massy a commencé à fréquenter le groupe Les amis compatissants en février 2016.
« Sans vouloir faire de critiques, il y a juste les parents endeuillés qui peuvent comprendre des parents endeuillés », affirme Mme Massy, en ajoutant qu’elle a une très bonne amie qui a perdu son fils, trois ans avant elle.
« Je pensais que je la comprenais, mais c’est le jour où j’ai perdu mon fils que j’ai compris que je n’avais rien compris, explique-t-elle. On peut imaginer la chose, mais il faut le vivre pour le comprendre. »
Ses rencontres lui ont fait du bien. Cependant, les parents endeuillés qui ont fondé ce groupe ont décidé qu’ils cessaient les activités d’entraide à la fin de l’année 2016, après 25 ans de services.
Mme Massy voulait continuer à parler de son deuil, semaine après semaine. Elle s’est donc proposée pour prendre la relève du groupe. « J’avais encore besoin de parler de mon deuil, mais je n’avais pas la force de construire un organisme avec un conseil d’administration», a expliqué Lisette Massy.
Il lui a cependant été possible de se départir de cette structure et elle a pu trouver une salle gratuite, à Sainte-Julie, pour fonder Parent d’un Ange en janvier 2017. Elle a donc commencé les soirées (deuxième mardi de chaque mois avec une douzaine de parents). La page Facebook du groupe compte aujourd’hui 219 membres.
Évolution du deuil
Mme Massy anime toujours ce groupe et elle continue de se confier lors de ces soirées. « Les gens de notre entourage, après un certain temps, on ne peut plus leur en parler, a expliqué Mme Massy. Nous, c’est le contraire, on veut en parler même si on ne se connaît pas. »
Mme Massy dit qu’elle est maintenant capable de dire qu’elle a vu son fils souffrir, car elle l’a répété à plusieurs reprises dans le groupe.
Faire face
Des parents endeuillés de partout au Québec participent au groupe Parent d’un Ange. Ceux qui vivent loin de la région de Montréal peuvent y participer via le groupe de discussion Facebook.
Anna Gaudreault, qui a de son côté perdu deux de ses trois enfants, vit dans Charlevoix. Elle a perdu son plus jeune de 17 ans dans un accident de motocross en septembre 1999 et l’aîné de 23 ans dans un accident de travail en août 2000.
« Ça me fait beaucoup de bien de participer à ce groupe, l’interaction est très forte, même si c’est à distance, a témoigné Mme Gaudreault. Je vais peut-être y aller en personne un jour. »
Brassage émotionnel
Lucie Trudel, qui vit à Dunham dans les Cantons-de-l’Est, fréquente de son côté le groupe Parent d’un Ange depuis un an. Elle a perdu sa fille unique de 20 ans en décembre 2015, morte sur le coup dans un accident de voiture.
« On n’est plus dans le déni en entrant dans ce groupe, on fait face à notre deuil, a affirmé Mme Trudel. Parfois ça brasse au niveau émotionnel, mais c’est le seul endroit où tout le monde comprend très bien de quoi on parle. »