Il y a précisément un an, une jeune infirmière de l'Estrie déclenchait une grande vague de sympathie avec son cri du coeur dénonçant la surcharge de travail et les heures supplémentaires obligatoires.
Hier soir, une vingtaine d'infirmières des urgences de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont ont pris les grands moyens pour dénoncer la situation. «Mon monde est à bout! Et je suis à bout! Là, c'est assez!»
Elles ont été forcées de débrayer pendant quelques heures devant l’hôpital pour empêcher trois des leurs de faire des heures supplémentaires obligatoires.
«La vraie histoire, en dessous de ça, c'est que les dirigeants n'ont pas les budgets. Parce que c'est ça que mon monde se fait dire à longueur de mois, entre deux crises!» déplore Nancy Bédard, de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec.
Pour la direction de l'hôpital, ça n'a rien à voir avec les budgets. Il n'y a pas suffisamment d'infirmières qui posent leur candidature pour des postes à temps complet.
«Temps complet de jour, j'en ai 40%, 35% de soir et j'en ai 75% la nuit. Admettons, ils sont sept jours/quinzaine. Ils vont accepter de faire une huitième journée ou une neuvième journée. Mais ils sont libres de retirer leurs disponibilités. Et ça amène une espèce de fluctuation», relève Danièle Bernard, directrice des soins infirmiers, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
«Leur crainte, c'est que, s'ils travaillent à temps complet, on va faire 10 jours de heures supplémentaires obligatoires», souligne Éric Tremblay, du Syndicat des infirmières, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
Absentéisme
Pour s'assurer qu'il ne manque jamais d'infirmières, l'hôpital a embauché 46% d'employés de plus que prévu. Malgré cela, il en manque toujours à cause de l'absentéisme.
«Je crois qu'elles ont raison. Parce que, quand elles travaillent trop longtemps, elles sont fatiguées», plaide une dame à TVA Nouvelles.
«Il y a une limite à ce que... à ce qu'un humain peut faire d'une journée! Et je pense que c'est pas rassurant pour les patients», commente un homme lui aussi rencontré à l’extérieur de l’hôpital.
Dimanche, le taux d'occupation des urgences était de 150%. Dès midi, la direction savait qu'il manquerait trois infirmières en soirée. Mais cela a pris beaucoup de temps avant de trouver des remplaçantes.
Lorsqu'il y a débordement aux urgences, c'est-à-dire des patients additionnels couchés sur des civières, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont a besoin d'une infirmière supplémentaire pour chaque cinq patients additionnels. La FIQ demande encore une fois l'abolition des heures supplémentaires obligatoires.
«Je demande à la ministre un règlement et une loi pour changer le cours des choses!», martèle Nancy Bédard.
La FIQ ne lâchera pas les établissements de santé. Un tribunal vient d'ailleurs de lui donner raison après trois ans de débat. Le CHSLD Denis-Benjamin-Viger, de L'Île-Bizard, devra embaucher 13 infirmières et préposés supplémentaires pour répondre adéquatement aux besoins des résidents. Ce qui démontre que rien n'est impossible.
-D’après un reportage d’Harold Gagné