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Le retour de Capitaine Canada

TVA Nouvelles

Il y a de ces mots en politique qui sont plus lourds de sens que d’autres. Bien des politiciens l’ont appris à leurs dépens. Surtout dans un pays comme le Canada, où l’usage des deux langues officielles permet parfois de passer des messages différents aux électeurs.

Le débat sur une éventuelle déclaration d’impôts unique au Québec a certainement permis à Justin Trudeau de montrer sa vraie nature.

Faire les yeux doux à François Legault ? Pourquoi pas. Envisager des accommodements autour des seuils d’immigration peut-être. Mais répondre aussi ouvertement aux visées nationalistes du Québec qu’en ouvrant la porte à un mécanisme selon lequel Québec administrerait tous les impôts, fédéral et provincial, des contribuables ? Certainement pas. Ce serait s’abaisser à plaire à une simple province !

Quand l’anglais dit tout

En français, Justin Trudeau et ses ministres se sont évertués à défendre l’importance de préserver les «bons emplois en région» assurés par les centres fiscaux de Shawinigan et de Jonquière. Au-delà de ses fondements purement électoralistes, pas certaine que ce soit l’argument fondamental pour refuser de céder au Québec la perception des impôts fédéraux... Mais passons.

C’est en anglais que le débat est devenu vraiment intéressant.

Justin Trudeau a reproché aux conservateurs de ne pas poser de questions en anglais sur l’impôt unique (ce qui est faux). Mais finalement, c’était un prétexte pour lancer son vrai message sur la demande de Québec et l’ouverture d’Andrew Scheer:

Justin Trudeau affirme qu’il va défendre les intérêts des Québécois, mais aussi des Canadiens, plutôt que de céder aux provinces.

Je me permets de l’écrire en anglais parce que le mot «pandering» dit tout.

«I will always stand up for the interests of Quebecker... but I will also stand up for what is good for Canadians instead of pandering to the provinces.»

«Pandering» se traduit littéralement par céder... Mais c’est un mot bien plus chargé, il implique l’idée de céder aux enfantillages, s’incliner devant les caprices d’autrui.

Et oui. Le gouvernement Trudeau reproche aux conservateurs de céder au chantage politique du Québec en cette année électorale. Et il le fait en anglais, pour frapper là où ça fait mal, auprès de l’électorat du reste du pays.

La vraie nature de Bernadette

N’en plaise ou non aux politiciens québécois, la position du gouvernement Trudeau, aussi impopulaire soit-elle, se défend. Rapatrier la perception des impôts au Québec, exigerait une complexe harmonisation entre les lois fiscales. Un chantier dont personne n’a vraiment évalué la portée.

Un gouvernement fédéral voudra-t-il vraiment céder tout le pouvoir qui vient avec la perception des impôts à une province ? Surtout une province où il subsiste un mouvement souverainiste ? Poser la question c’est y répondre.

À l’inverse, cette requête du gouvernement de la CAQ, cet appui unanime de l’Assemblée nationale, se défend tout autant. Rapatrier la perception des impôts s’inscrit dans la démarche nationaliste et autonomiste qui a tant contribué au succès de la CAQ. Une nouvelle affirmation de la nation québécoise.

Le chef libéral aurait pu débattre de cet enjeu en se basant sur les faits. Deux visions du fédéralisme s’affrontent. Or Justin Trudeau a choisi le mépris à l’égard des revendications du gouvernement Legault et de l’Assemblée nationale.

Au moins le chat est sorti du sac. Son opposition à l’impôt unique est avant tout idéologique.

On s’en doutait. Il en a fait la preuve en revêtant sa cape de Capitaine Canada aux Communes mardi après-midi. In English, thank you.

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