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Des chiens évacués d’une réserve autochtone

AMÉLIE ST-YVES

Des Autochtones de la Haute-Mauricie se promènent sur leur réserve armés de bâtons pour se défendre en cas d’attaque de chiens, tandis que les autorités transfèrent des bêtes vers le sud afin de réduire la surpopulation canine.

« C’est rendu dangereux de se promener dans la communauté, parce que les chiens s’en prennent à vous. Les gens ont comme réflexe de traîner un bâton. C’est rendu là. Ça n’a pas de bon sens », a affirmé le chef du conseil de bande d’Obedjiwan, Christian Awashish.

La réserve atikamekw près de La Tuque a un grave problème de chiens en liberté ou errants. Et très peu d’entre eux sont stérilisés, ce qui entraîne leur multiplication dans les rues.

M. Awashish indique que les cas de morsure sont en hausse depuis les Fêtes, mais personne n’a été défiguré ou blessé gravement.

Organisme en renfort

Pour atténuer le problème, le conseil de bande a instauré un règlement en septembre dernier stipulant que les chiens doivent porter un collier identifié, que les Autochtones peuvent fabriquer eux-mêmes.

Le conseil a aussi fait appel à l’organisme à but non lucratif Chiots Nordiques pour des opérations de stérilisation, de même que pour la capture et la relocalisation des chiens qui n’étaient pas identifiés.

En septembre, une centaine de bêtes ont ainsi été transférées à une quinzaine d’endroits, dont des Sociétés protectrices des animaux en Mauricie et au Centre-du-Québec, mais aussi à Montréal et en Ontario.

Chiots Nordiques y est retourné en novembre, en février et en mars pour tenir des cliniques de stérilisation gratuites et procéder à d’autres transferts.

Depuis janvier, une cinquantaine de cabots ont ainsi été évacués de la réserve, dont 26 ont été envoyés à la Société protectrice des animaux d’Arthabaska (SPAA), à Victoriaville.

De telles mesures évitent aux animaux de mourir de froid, de faim, d’une blessure ou d’une balle dans la tête, selon Daphnée Veilleux, vétérinaire de Chiots Nordiques. Certaines bêtes en arrivent parfois à s’attaquer et à se manger entre eux, mais c’est d’abord une question de survie, ajoute-t-elle.

« Au final, les chiens qui ont attaqué d’autres chiens sont des perles. L’environnement y fait pour beaucoup. Nos critères sont de tout essayer pour faire en sorte qu’ils aient une deuxième chance », a soutenu la vétérinaire.

Adoption

Aucun doute que les chiens d’Obedjiwan feront de bons compagnons de maison, selon la directrice générale de la SPAA, Marie-Josée Roy. Ils sont nourris et soignés par des spécialistes, en plus d’être traités contre les parasites.

« Ils n’ont plus besoin de se battre pour la nourriture. Ils sont magnifiques. Il n’y en a pas un qui a des signes d’agressivité, et il n’y en a pas un qui veut nous manger », a assuré Mme Roy.

Environ la moitié des 14 chiens arrivés en février à la SPAA ont trouvé une famille adoptive. Les 12 chiens débarqués un mois plus tard sont toujours en isolation, le temps de recevoir les premiers traitements.

Ravie de sa nouvelle compagne du Nord

Une femme de Princeville qui a adopté une chienne originaire de la réserve Obedjiwan est enchantée par sa nouvelle amie, qu’elle amène courir tous les matins.

Maryam Lemaire a adopté Atika, 3 ans, le 19 janvier.

Atika n’était pas une chienne errante à Obedjiwan et avait une famille qui prenait soin d’elle, selon une lettre laissée par son ancien propriétaire.

Petite fille

Mme Lemaire y a entre autres appris que sa chienne était la fidèle compagne d’une petite Autochtone de 5 ans.

« C’était super intéressant. Ça nous a appris à mieux la connaître », dit la mère de famille.

Atika est très bonne et douce avec les trois enfants de 3, 8 et 9 ans de Mme Lemaire. Ils se couchent sur elle et peuvent lui retirer son os sans problème. Elle s’entend aussi bien avec l’autre chienne de la famille.

Socialisation

Il arrive cependant qu’Atika ait du mal à socialiser avec les animaux inconnus.

Mme Lemaire a l’intention de consulter une spécialiste en comportement canin.

« Si un autre chien se met à grogner, elle va avoir un comportement défensif », explique la nouvelle propriétaire, qui est une adepte de canicross, une discipline qui consiste à courir avec son chien attaché à soi.

Par ailleurs, Atika est toujours en apprentissage des limites de son terrain. Elle a déjà fait une petite fugue et a été trouvée près de la rôtisserie du coin.

« Pour elle, son terrain, c’est notre quartier », dit Mme Lemaire.

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