Même avec l’ajout de 1600 nouvelles bornes de recharge rapide pour voitures électriques au coût de 128 millions $, le Circuit électrique d’Hydro-Québec ne sera toujours pas rentable.
Dans des documents déposés devant la Régie de l’énergie, Hydro-Québec admet que son réseau de bornes de recharge pour voitures électriques n’est actuellement pas rentable et ne le sera pas au cours des prochaines années.
«Le déploiement du service de recharge rapide visé par le projet n’aura pas une influence notable sur le Circuit électrique et ce dernier continuera d’être non rentable», admet Hydro-Québec.
La société d’État demande le feu vert de la Régie de l’énergie pour injecter 128 millions $ dans le déploiement de 1600 nouvelles bornes de recharge rapide d’ici 2027.
Le Circuit électrique d’Hydro-Québec comptait 1687 bornes de recharge pour voitures électriques au 31 décembre 2018.
Comme Le Journal l’a dévoilé récemment, le Circuit électrique demeure sous-utilisé, alors que chaque borne de recharge a servi en moyenne 0,7 fois par jour l’an dernier.
Hydro-Québec reconnaît que 95% des recharges actuelles effectuées par les propriétaires de véhicules électriques sont faites à domicile plutôt que sur son réseau, qui compte près de 36 000 membres.
Rôle de promotion
La société d’État précise que le Circuit électrique «n’a pas pour mission d’assurer sa rentabilité, mais bien de promouvoir l’électrification des transports».
En 2027, Hydro-Québec prévoit que les revenus annuels tirés de la vente d’électricité liée à la recharge de voitures électriques (incluant la recharge à domicile) dépasseront les 100 millions $ en sol québécois.
Au 31 janvier 2019, on comptait 39 840 véhicules électriques sur les routes du Québec, selon la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).
Avec le déploiement de son nouveau réseau de 1600 bornes à recharge rapide, Hydro-Québec croit que le nombre de véhicules électriques avoisinera les 500 000 unités en 2027 sur les routes du Québec, dont 390 000 véhicules tout électriques.
Pas le rôle d’Hydro-Québec
De nombreuses voix sont toutefois d’avis que ce n’est pas à Hydro-Québec de payer l’achat de bornes de recharge pour véhicules électriques.
«C’est scandaleux. Ce n’est pas aux quatre millions de clients d’Hydro-Québec de payer pour des bornes qui profitent aux 40 000 propriétaires en moyen de se procurer des véhicules électriques», a indiqué hier le directeur Québec de la Fédération canadienne des contribuables (FCC), Renaud Brossard, ajoutant que le principe de l’utilisateur payeur doit s’appliquer.
Du côté de l’Union des consommateurs (UC), on croit qu’Hydro-Québec gonfle les chiffres, alors que c’est l’argent de ses clients qui est en jeu.
«Qu’on arrête de piger dans les poches des clients de la société d’État pour financer des bornes de recharge. Ce projet ne sera pas rentable», déplore l’analyste en énergie de l’UC, Vivianne de Tilly.