«Au moment de l'agression, j'étais convaincue que c'était la fin, que je n'allais pas m'en sortir», c'est le sentiment qu'Émilie Robichaud a eu le matin du 2 octobre 2015.
Dans un témoignage bouleversant présenté jeudi soir à l'émission «J.E.», la jeune femme raconte ce matin où son chemin a croisé celui d'Alain Audet, un individu au lourd passé judiciaire, dans le parc de la rivière Saint-Charles à Québec.
«J'avais identifié cette personne-là, je n'avais déjà pas un super bon "feeling" initial, puis quand je suis revenue sur mes pas pour revenir chez moi, c'est à ce moment-là qu'est intervenue l'agression. Il était armé d'un exacto. J'ai été assommée très, très sauvagement au visage où j'ai perdu conscience pendant plusieurs minutes. Quand j'ai vu l'arme contre moi, c'était certain qu'il n'y avait plus d'issue», raconte la jeune femme qui a finalement réussi à échapper à son agresseur.
«Quand j'ai réussi à me sauver en fait, c'est juste parce qu'il m'a lâchée une fraction de seconde, puis c'est à ce moment-là que j'ai couru le plus vite possible, sans même me poser de question», ajoute-t-elle.
Alain Audet, âgé de 54 ans à l'époque, a été arrêté non loin du lieu de l'agression. En février 2018, il a été trouvé coupable d’agression armée, de voies de fait ayant causé des lésions, de menaces de mort et de séquestration.
Il a écopé d'une peine de 6 ans et demi de prison. Émilie, elle, a subi un choc post-traumatique, en plus des blessures physiques liées à l'agression et lui a fallu un an avant de recommencer à courir seule.

capture d'écran, TVA Nouvelles
«Se promener et avoir la même confiance, premièrement je pense que ça ne peut plus exister de la même façon, souligne-t-elle. De passer d'une attaque aussi gratuite et aussi violente, à, je suis capable de me promener puis tout va bien, tout va bien aller, il y a un très gros cheminement. C'est beaucoup mieux aujourd'hui, mais ça ne sera jamais comme avant».
Cours d'autodéfense
«Quand je suis arrivé sur les lieux, j'ai été à même de constater que l'agression a été particulièrement sauvage», souligne Marc Couture, policier retraité de la Ville de Québec.
Il est l'un des policiers à être intervenu sur la scène où Émilie venait d'être agressée. Il raconte avoir été profondément marqué par cet événement qui lui a inspiré un cours d'autodéfense dédié spécifiquement aux coureuses.
«Ce que je leur offre, ce sont des trucs faciles, instinctifs, et des choses pour lesquelles ils n'ont pas nécessairement besoin de beaucoup de force», dit-il.

«En fait c'est d'avoir un plan, c'est réellement ça, explique l'une des participantes. Quand tu cours, que tu n'as pas de plan et que tu te poses la question si jamais il arrivait quelque chose, qu'est-ce que je ferais?» explique-t-il.
Dans un sondage Léger réalisé pour l'émission «J.E.» sur le sentiment de sécurité des Québécois et Québécoises, on apprend que 29% des femmes prennent des précautions particulières avant de sortir de leur domicile pour aller marcher ou courir comparativement à 15% des hommes.
Puis, 44% des répondantes, soit tout près d'une sur deux, avouent modifier leurs comportements par craintes pour leur sécurité comparativement à 25% des répondants masculins.
Ne manquez pas la dernière émission «J.E.» de la saison ce jeudi dès 21h sur les ondes de TVA.