Dans un enregistrement audio d’une conversation téléphonique remis au comité de la Justice du Parlement rendu public vendredi, Jody Wilson-Raybould met en garde à plusieurs reprises le greffier du Conseil privé Michael Wernick contre de l’ingérence politique dans l’affaire SNC-Lavalin.
Voyez l'intégralité des documents remis
Jody Wilson-Raybould a remis la semaine dernière des copies de messages textes et de courriels appuyant son témoignage-choc devant le comité de la Justice. Un document audio d’une conversation téléphonique ayant eu lieu le 19 décembre 2018 avec le greffier du Conseil privé Michael Wernick, enregistrée à l'insu du fonctionnaire, et sa transcription figurent aussi parmi les documents.
Dans cette conversation (voir ci-bas), elle exprime clairement qu’elle «tente de protéger» le premier ministre contre «l’ingérence politique» ou «l’ingérence politique perçue».
«Je comprends la volonté de sauver des emplois, c’est ce que nous voulons tous, mais là n’est pas la question. Il s’agit de protéger l’intégrité du premier ministre, car si je devais intervenir, ce serait de l’ingérence; et personne ne pourrait interpréter la chose autrement. La façon dont je m’y prendrais importe peu», explique-t-elle.
Comme elle l'avait exprimé dans son témoignage-choc, Mme Wilson-Raybould peut être entendue prévenir le plus haut fonctionnaire du pays de la pression politique qu'elle estime subir.
«Michael [Wernick], je dois dire que cette conversation, et les précédentes que j’ai eues avec le premier ministre et bien d’autres à ce sujet, est absolument inappropriée et que cela constitue de l’ingérence politique», dit-elle dans la conversation téléphonique.
Mme Wilson-Raybould allègue depuis plusieurs semaines avoir subi des pressions inappropriées et soutenues de la part du premier ministre Trudeau et de son entourage afin qu’elle aide le géant de l’ingénierie SNC-Lavalin à éviter un procès criminel.
Réaction du cabinet du premier ministre
Réagissant au dernier développement dans l’affaire SNC-Lavalin, vendredi, le bureau du premier ministre Trudeau a indiqué que ce dernier n’avait pas été mis au courant de la conversation complète entre l’ancien greffier du Conseil privé, Michael Wernick, et l’ex-ministre de la Justice et procureure générale, Jody Wilson-Raybould.
«Le premier ministre n’a pas été briefé par le greffier sur sa conversation avec Jody Wilson-Raybould, et nous n’étions pas au courant du contenu complet de cet enregistrement avant aujourd’hui, a indiqué Cameron Ahmad, le directeur des communications du cabinet de M. Trudeau, dans un courriel adressé à TVA Nouvelles, vendredi soir. Comme le premier ministre l'a dit [...], il aurait dû parler directement avec l’ancienne ministre de la Justice et procureure générale à ce sujet - et il espérait qu'elle vienne le voir.»
M. Ahmad a ajouté, comme l’a déjà dit le premier ministre, que «ce qui est devenu clair au fil des différents témoignages, [...], c’est que la confiance s’est effritée entre le CPM [cabinet du premier ministre], le greffier du Conseil privé et l’ancienne ministre de la Justice et procureure générale au cours des derniers mois.»
Le porte-parole de M. Trudeau a souligné que «le premier ministre a assumé la responsabilité de la situation et annoncé les prochaines étapes, notamment la sollicitation de l’opinion d’experts externes sur un certain nombre d’éléments liés aux problèmes soulevés au cours des dernières semaines».
Il a par ailleurs répété la position du gouvernement, à savoir que «tous les faits ont été exposés et toutes les personnes en cause ont exprimé leurs points de vue, y compris le premier ministre».
«Nous sommes déterminés à aller de l’avant en équipe dans les dossiers qui comptent pour les Canadiens et à gouverner dans l’intérêt supérieur du pays», a dit Cameron Ahmad.
Pression au sein du caucus libéral
La sortie de Jody Wilson-Raybould et les événements qui ont suivi continuent de faire réagir au sein du caucus libéral, dont l’ancienne ministre de la Justice fait toujours partie.
«Je souhaite surtout que Mme Wilson-Raybould et Jane Philpott (l’ancienne présidente du Conseil du trésor) se rendent compte que pour leur bien-être, il serait peut-être plus digne qu’elles quittent le caucus libéral d’elles-mêmes», a écrit Alexandra Mendès, députée libérale de Brossard—Saint-Lambert, dans un courriel obtenu par TVA Nouvelles.
Écoutez ci-dessous la conservation téléphonique enregistrée entre Jody Wilson-Raybould et Michael Wernick:
Version originale:
Version traduite en français: