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Elle a voulu aller «rejoindre» sa mère qui a été assassinée

Un jeune schizophrène qui a abattu deux personnes et tenté d’en tuer trois autres a dû entendre le témoignage bouleversant de la fille d’une des victimes, jeudi.

Trois semaines après s’être reconnu coupable d’accusations réduites d’homicides involontaires pour ses crimes commis en 2016, Frédérick Gingras est sous forte médication. Il se parlait à lui-même dans le box des accusés, au palais de justice de Montréal.

Quand la juge France Charbonneau a offert la parole à celui qui aura 24 ans à la fin du mois, il a difficilement articulé les mots : « J’ai rien à dire ».

C’était la seule occasion offerte aux victimes du Montréalais et aux membres de leurs familles de se faire entendre en cour dans cette cause judiciaire. Une douzaine d’entre eux l’ont courageusement saisie.

« Je l’ai fait pour libérer ma conscience, pour essayer de tourner la page et pour honorer ma mère », a expliqué Carolanne Cyr-Vanier, 19 ans, après un témoignage émouvant.

« Je me sens coupable »

Dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, celle qui avait alors 17 ans achevait son quart de travail au Tim Hortons d’une station-service du boulevard Saint-Jean-Baptiste. Sa mère, Chantal Cyr, l’attendait en voiture dans le stationnement. Gingras a tiré sur la femme de 49 ans sans aucune raison.

« Ma mère s’est fait tuer devant moi, a-t-elle relaté en cour. C’est un cauchemar dont je ne peux me réveiller. J’ai perdu ma meilleure amie, mon pilier. Ça m’a brisée. »

Puis, elle a dit à la juge Charbonneau qu’elle a dû combattre des pensées suicidaires.

« Pendant six mois, j’ai voulu aller rejoindre ma mère. J’aimerais tellement me blottir dans ses bras et lui dire que je l’aime. Je me sens coupable. Si je n’avais pas travaillé ce soir-là, ça ne serait pas arrivé... »

« Réfractaire »

« Madame, vous ne pouvez pas porter sur vos épaules la culpabilité de cela, a insisté la juge. Si vous croyez que votre mère vous entend, la seule chose à faire pour qu’elle repose en paix, c’est d’essayer de vous sentir mieux. »

Gingras est sous garde à l’Institut Philippe-Pinel et il risque d’y rester longtemps. Selon sa psychiatre traitante, il souffre de « schizophrénie sévère » et il est « réfractaire au traitement ».

Les procureurs ont suggéré une peine globale de 19 ans de détention qui pourrait éventuellement se prolonger si l’état de Frédérick Gingras ne montre pas de progrès suffisant. La juge France Charbonneau prononcera la sentence aujourd’hui.

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