Il y a 17 ans, un médecin a prédit à Nathalie Bisson qu’elle devrait fort probablement utiliser un déambulateur dans quelques mois et un fauteuil roulante dans quelques années en raison de sa polyarthrite rhumatoïde sévère. C’était mal la connaître.
À 36 ans, elle se sentait vidée de son énergie, éprouvait quotidiennement des douleurs. L’élément déclencheur: un matin, plus aucun tonus musculaire dans ses mains. Elle en a échappé sa tasse de café. Un autre jour, elle s’est trouvée incapable de démarrer son véhicule, le geste de tourner la clé étant devenu trop difficile.
Mme Bisson consulte son médecin, qui lui diagnostique une polyarthrite rhumatoïde sévère
«J’ai pris une satanée débarque, raconte-t-elle, en entrevue avec Denis Lévesque. C’est sûr que ce n’est pas le cancer, je n’allais pas mourir, mais je n’allais pas guérir non plus.»
En sortant du bureau du médecin, elle a vomi de panique à côté de son auto.
«J’étais une mère, une amoureuse, j’étais heureuse, j’étais une belle-mère. Tu ne t’attends pas à ça.»
Recommencer à bouger
Et depuis, elle a couru des centaines de kilomètres. Où trouve-t-elle son énergie? Auprès des siens.
«J’ai un bonheur recomposé de quatre enfants. Ça aide à avoir le goût de se tenir debout et de continuer à être une mère présente avec nos enfants. Mais je me suis laissé le droit d’être ‘’échouée’’ quelques semaines, quelques mois. Mais à un moment donné, il faut se dire que ça suffit.»
Mme Bisson est allée chercher un deuxième avis médical, qui lui a recommandé de faire de l’exercice.
«La première fois, je me suis assise sur un vélo stationnaire, raconte-t-elle. J’ai réussi, mais 75 secondes. Je me suis couchée à côté du vélo, même pas capable de me rendre dans la chambre, et j’ai dû dormir un bon deux heures.»
Au fil du temps, elle a appris à gérer la douleur et à choisir l’importance qu’elle lui donne.
«J’avais mal, mais j’ai décidé de ne pas souffrir», dit-elle.
Elle est passée du vélo stationnaire au vélo de route, sur lequel elle pouvait engloutir jusqu’à 160 kilomètres en une journée. Puis elle est passée à la course à pied. Qui aurait cru qu’elle pourrait franchir 42 kilomètres en courant?
Ralentir la cadence
En 2013, en raison de la progression de la maladie, son médecin lui a demandé d’arrêter la course. Elle a plutôt réduit sa cadence, pour adopter son «pace du bonheur», le titre de son blogue.
Elle adapte maintenant son rythme de course à comment elle se sent.
«La marche, ce n’est plus pour moi un échec, c’est pour moi une option pour courir plus longtemps, plus souvent. »
Est-ce que sa philosophie est accessible pour tous? Mme Bisson ne pense pas : c’est un travail de longue haleine et sa pratique, elle l’admet, était un peu extrême. Mais ce qu’elle prône maintenant, c’est de trouver le bonheur dans l’effort qui nous convient et d’arrêter d’avoir besoin d’une statistique, d’un chrono.