Six mois jour pour jour après la légalisation du cannabis au Canada, le gouvernement Trudeau affirme que les craintes de dérapage exprimées par plusieurs se sont avérées être des «pétards mouillés».
«Il n’y a personne qui s’énerve aujourd’hui concernant la légalisation de la marijuana», a lancé sourire aux lèvres le ministre des Transports, Marc Garneau, lors d’un point de presse à Montréal mercredi.
Ottawa dit que la consommation de cannabis est stable au pays par rapport à avant la légalisation, le 17 octobre dernier.
Le fédéral dit aussi constater qu’il n’y a pas eu de hausse des cas de conduite avec facultés affaiblies ni du nombre de problèmes à la frontière entre le Canada et les États-Unis.
«Pour nous, c’est une bonne nouvelle, a déclaré Lionel Carmant, ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux du Québec. Surtout parmi les plus jeunes tout semble relativement stable», a-t-il ajouté.
Pas de diminution apparente chez les mineurs
Le premier ministre Justin Trudeau avait cherché à rassurer les Canadiens en affirmant que la légalisation du cannabis servirait à rendre la substance plus difficile d’accès aux mineurs.
Or, selon plusieurs adolescents rencontrés aux abords d’une école secondaire de Gatineau cette semaine, rien n’a changé depuis six mois.
«Ceux qui distribuaient avant continuent à distribuer maintenant», a affirmé un étudiant.
Un autre dit que les points de vente légaux ont facilité l’accès aux jeunes qui souhaitent consommer.
«Ils font juste donner de l’argent à des personnes plus vielles et eux vont en acheter et ils distribuent», de dire le jeune.
Le gouvernement Legault est à mettre sur pied un programme éducatif pour sensibiliser les élèves dès la première année du primaire.
Le ministre Carmant dit que Québec espère lancer ce programme dès septembre prochain dans les écoles de la province.
Peu d’impact sur le crime organisé
L'autre objectif visé par Ottawa en légalisant le cannabis était de contrer le crime organisé.
Santé Canada rapporte un déplacement de 20% des clients vers les points de vente légaux.
Mais, selon l’ex-chef de bureau de l’escouade Carcajou, Paul Laplante, le monde criminel n’a rien perdu depuis six mois.
«Pour eux, le revenu du commerce illicite est aussi bon qu’avant», dit-il en soulignant entre autres que le monde interlope offre un produit à coût moindre que les points de vente légaux.
Selon Statistique Canada, les consommateurs qui ont acheté du cannabis séché auprès de sources légales au pays ont payé en moyenne 9,99 $ le gramme depuis octobre, par rapport à 6,37 $ sur le marché noir.