Quarante ans après l’adoption de la Loi sur la santé et la sécurité au travail, le nombre d’accidentés et de victimes du travail a recommencé à augmenter au Québec. Si en 1979, la province était une pionnière en légiférant en la matière, elle se place aujourd’hui en queue de peloton au Canada, se désole la FTQ.
«À l’époque, le gouvernement visait à inclure progressivement certains secteurs de travail à la Loi pour minimiser l’impact sur les affaires. Mais aujourd’hui, l’intégration a stagné, ce qui fait que 80 % des travailleurs ne sont pas couverts par l’entièreté des dispositions de la loi», a dénoncé Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ, qui participait dimanche à une manifestation devant l’Assemblée nationale en marge du Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail.
L’année dernière, 226 personnes sont décédées sur leur lieu de travail ou d’une maladie directement reliée à leurs conditions de travail. Encore plus inquiétant: la FTQ note une augmentation de 10 % des accidents de travail de toutes sortes depuis trois ans.
Si le domaine de la construction est toujours de loin le milieu de travail où l’on répertorie le plus grand nombre de blessés graves, le secteur de la santé est celui qui connaît la plus importante progression d’accidents, rapporte la centrale syndicale.
«C’est quelque chose que l’on observe depuis les coupures. Quand il y a moins de personnel sur le plancher, on essaie d’aller plus vite et ça arrive que l’on se blesse», a illustré Serge Cadieux, qui a tenu à rappeler que tant les travailleurs de la construction que ceux du milieu de la santé ne sont pas couverts par 100 % des dispositions de la Loi.
Projet de loi
Alors que le ministre du Travail, Jean Boulet, s’est engagé à déposer un projet de loi à l’automne pour moderniser la loi de 1979, la FTQ espère qu’elle s’appliquera dorénavant à l’ensemble des travailleurs.
«Dans la foresterie, les mines et les fonderies, la loi s’applique au complet et le nombre d’accidents est beaucoup moins important», a plaidé le syndicaliste.
Dans ces secteurs, un représentant inspecte régulièrement les lieux de travail. Un comité d’employés se rencontre à l’occasion.
Position irréaliste
Le PDG de la Fédération des chambres de commerce, Stéphane Forget, reconnaît que le taux d’accidents de travail est alarmant, mais croit que la position de la FTQ est difficilement conciliable avec la réalité sur le terrain.
«Ça s’appliquerait difficilement dans des entreprises de 5-6 employés», a laissé entendre M. Forget.