Une pétition pour interdire l’accès à l’ensemble du Vieux-Montréal aux automobiles a été lancée par une quinzaine d’organismes, qui espèrent ainsi favoriser le transport actif.
«On n’est pas contre les automobiles, c’est qu’on veut rendre le Vieux-Montréal au transport actif. Il y a tellement de piétons, de cyclistes qui s’y promènent, ils devraient avoir la priorité sur les voitures», a expliqué Karim Kammah, porte-parole de l’Association pour la mobilité active de Ville-Marie (AMA-VM), qui a lancé la pétition.
Lors d’une promenade près de la cathédrale Notre-Dame et sur les rues environnantes, on peut facilement constater que plusieurs piétons marchent dans la rue, les trottoirs étant trop étroits. Des voitures stationnées prennent des voies complètes en face de restaurants, là où il pourrait plutôt y avoir des terrasses.
«L’idée, c’est d’interdire le transit, que les touristes qui viennent se promener et regarder les bâtiments du Vieux-Montréal en voiture se stationnent en périphérie. Il y a plusieurs stationnements qui ne sont pas utilisés à pleine capacité, a renchéri François Dandurand, également de l’AMA-VM. On vise la convivialité, un quartier plus vert, où il fait bon relaxer.»
La zone concernée s’étendrait d’est en ouest de la rue McGill jusqu’à la rue Berri, et serait délimitée par la rue Saint-Antoine au nord et par le fleuve au sud. Des artères importantes, comme la rue de la Commune et la rue Notre-Dame, en feraient partie.
Les transports collectifs, les taxis, les camions de livraison et les résidents du secteur bénéficieraient d’une exemption, et pourraient avoir par exemple des cartes magnétiques permettant d’ouvrir une barrière d’accès.
Plusieurs aménagements sont suggérés, comme une piste cyclable protégée sur la rue de la Commune. Le transport collectif pourrait aussi être bonifié, par exemple avec l’instauration d’une navette électrique gratuite qui ferait le tour du Vieux-Montréal.
La pétition de l’AMA-VM est appuyée par 15 autres organismes, dont l’Association des résidants du Vieux-Montréal et des regroupements de piétons et de cyclistes.
Commerçants inquiets
L’idée trouve un accueil mitigé chez des commerçants du secteur rencontrés par le «24 Heures».
Corinne Asseraf, de la Galerie 203, ne peut pas imaginer que sa clientèle ne pourrait pas accéder à son établissement sur la rue Notre-Dame en voiture. «Je suis d’accord avec l’idée d’améliorer l’ambiance, que certaines rues soient piétonnes, mais pour les grandes rues qui sont comme des veines dans le Vieux-Port, ça ne pourrait pas fonctionner», croit-elle.
Même son de cloche chez Les Fourrures Pôle Nord, sur la rue Saint-Paul. «Déjà qu’on nous enlève les calèches, grâce auxquelles plusieurs touristes nous découvrent... Ça rendrait ça encore plus difficile pour faire des affaires», a avancé le propriétaire de l’endroit, George Patronidis.
D’autres sont plus optimistes, comme Michael Tozzi, propriétaire du restaurant Dandy, sur la rue Saint-Jacques. Il estime que la majorité de sa clientèle arrive déjà à pied ou en transport en commun. «La rue est souvent fermée pour des travaux ou des tournages et ça n’a pas d’impact. Mais il faut dire qu’on est ouverts pour des déjeuners et dîners; si on faisait de la restauration de soir, ce serait peut-être différent», a-t-il dit.
Jennifer Maagendans, du studio Luna Yoga sur la rue Saint-Paul, est partagée. «Ce n’est pas très bon pour les affaires, mais c’est bon pour l’environnement. Lequel est le plus important? Je dirais l’environnement, parce que sans lui, on ne pourrait carrément pas en faire, des affaires», a-t-elle analysé.
La pétition avait recueilli 512 signatures. On peut la trouver en recherchant «Vieux-Montréal» sur le site you.leadnow.ca.