Jean-Luc opère sa propre compagnie forestière depuis plusieurs années. Les affaires vont bon train et il ne compte pas ses heures, cumulant régulièrement plus de 90 heures de travail par semaine. Mais tout bascule quand il se retrouve au bout du rouleau.
Pour assurer des rentrées d’argent régulières dans les coffres de son entreprise, Jean-Luc ne refusait jamais un contrat, parfois même au-delà de ses capacités. Car, pour répondre à toutes les demandes, il devait travailler de longues heures chaque semaine, hypothéquant même sa santé.
Un jour, le diagnostic tombe: il est en épuisement professionnel et ne parvient plus à opérer sa compagnie. Comble de malheur: puisqu’il s’occupait lui-même de la tenue de ses livres, il a également perdu le contrôle de sa comptabilité. Les dettes se sont accumulées et il se retrouve donc dans une situation critique qui l’incite à aller consulter des experts en insolvabilité.
120 000$ de dettes
La compagnie de Jean-Luc se retrouve avec des dettes de 85 000$. À cela s’ajoutent 35 000$ de dettes personnelles, à cause d’un prêt personnel et de soldes impayés de cartes de crédit. Au total, l’entrepreneur en burn-out doit désormais 120 000$. Puisqu’il travaille à son propre compte, il n’est pas admissible à l’assurance-emploi.
Pour sa part, sa conjointe travaille à contrat pour le gouvernement et gagne environ 1500$ par mois. Ces revenus suffisent à peine pour payer les dépenses courantes du couple : hypothèque, transport, assurances, taxes municipales, épicerie, etc.
Dans ces conditions, Jean-Luc a peu d’options à sa disposition. «Il ne voulait pas perdre sa maison. Or, celle-ci ayant une bonne équité, s’il fait faillite elle devra être vendue pour rembourser les créanciers», mentionne Suzanne Savard, conseillère principale en redressement financier chez Raymond Chabot.
S’en sortir grâce à une proposition de consommateur
La meilleure solution dans son cas est de déposer une proposition de consommateur. Il a offert 83 100$ à ses créanciers sur les 120 000$ qu’il leur doit. Pour réussir à exécuter l’entente, il a toutefois dû vendre ses terrains, ses machines forestières et le camion de la compagnie, pour un montant de 30 000$.
«Il s’est aussi engagé à effectuer des paiements de 885$ par mois pendant 60 mois, pour un total de 53 100$. Il a toutefois pu conserver sa maison et son véhicule personnel», explique Suzanne Savard.
Avec cette solution, il pourra renouer avec la santé financière, mais son crédit sera entaché durant toute la durée de la proposition et également pendant trois ans après la libération de celle-ci.
Faire face aux obligations
Pour faire face à ses obligations financières et mener à bien ses remboursements, il peut heureusement compter sur une nouvelle source de revenus: il a en effet réussi à trouver un emploi dans le secteur forestier, mais en tant que salarié, cette fois. Il a ainsi moins de responsabilités sur les épaules et travaille selon des horaires plus réguliers et moins chargés que lorsqu’il était à son compte.
Suzanne Savard recommande néanmoins aux travailleurs autonomes et aux personnes qui opèrent leur propre compagnie de se montrer prudents dans la gestion de leur entreprise. «Par exemple, Jean-Luc aurait eu tout intérêt à confier la tenue de ses livres à une firme externe, ce qui lui aurait permis d’avoir une vision claire de sa situation financière. Mon conseil: allez chercher de l’aide avant que des problèmes plus graves surviennent !», dit-elle.
Sa situation financière
Actifs:
Machines forestières
Camion de la compagnie
Résidence personnelle
Véhicule personnel
Terrains
Dettes:
Dettes commerciales (compagnie): 85 000$
Dettes personnelles: 35 000$
TOTAL: 120 000$
Revenus mensuels
Aucun, car Jean-Luc travaillait à son compte
Sa conjointe travaille à contrat: environ 1500$
TOTAL: 1500$ approximativement
Dépenses mensuelles
1500$ (incluant hypothèque, taxes municipales, transport, épicerie, électricité, assurance, etc.)