Des commerçants du Plateau-Mont-Royal sont prudents avant de se réjouir du départ de leur maire Luc Ferrandez, mais estiment que l’élection de quelqu’un d’autre pourrait stimuler les affaires.
Les entrepreneurs rencontrés par Le Journal ne sont pas contre la protection de l’environnement, qui tenait tellement à cœur à leur maire démissionnaire Luc Ferrandez.
Plusieurs souhaitent toutefois que son remplaçant soit issu du monde des affaires pour partager leurs combats.
En 10 ans à la mairie de l’arrondissement, Luc Ferrandez a posé des gestes pour diminuer la circulation automobile qui ont été critiqués par les commerçants, comme l’installation de sens uniques et le réaménagement de pistes cyclables.
Sur la rue Saint-Denis, une femme qui a son commerce depuis plus de 30 ans, se donne six mois pour décider si elle met la clé sous le paillasson.
« Les coûts augmentent et l’achalandage diminue. Comment peut-on faire ? On ne peut pas faire du bénévolat », dit-elle, souhaitant rester anonyme pour ne pas faire fuir ses clients.
Environ le quart des locaux commerciaux sont vacants sur cette artère, selon la Société de développement commercial (SDC). Une quinzaine d’entreprises ont choisi de s’y installer en 2019, mais l’inquiétude est palpable en regardant tous ces commerces qui ouvrent et qui ferment.
Attentes élevées
Les attentes y sont élevées envers le successeur du maire Ferrandez, qui a annoncé son départ le 14 mai.
« C’est de ramener des gens sur la rue et de baisser les taxes municipales pour que les petits commerces indépendants, différents, s’installent sur la rue », explique Christiane Barré de la boutique Jeune Amérique, qui estime avoir perdu plus de 60 % de son achalandage en trois ans.
Il y a aussi de moins en moins de gens sur l’Avenue Laurier.
« Les gens venaient de Boucherville. Ils ne viennent plus. Il y a maintenant de bons restaurants sur la Rive-Sud, de belles boutiques, pour inciter les gens à y rester », soutient Catherine Szabo, copropriétaire de la boutique Vêtements Pierre, Jean, Jacques.
Et les parcomètres, à 3,25 $ de l’heure sont par ailleurs trop élevés selon les commerçants, qui rappellent que beaucoup de gens choisissent leur voiture pour transporter leurs achats.
« Il y a des familles qui viennent de loin, en véhicule, et soit elles ne trouvent pas de place, soit elles sont obligées de courir. C’est sûr que ça n’aide pas non plus, à l’économie, malheureusement », estime Nathalie Sellier qui est gérante de la boutique Sarah et Tom sur Saint-Denis.
Signature
Le prochain maire d’arrondissement devra réconcilier les visions, pense la gérante du Céramic Café, Béatrice Désulmé.
Ce commerce connaît une bonne saison, ce qui est la preuve que tout n’est pas perdu, selon elle.
« Les Montréalais sont prêts à se déplacer sur Saint-Denis si tu leur donnes une entreprise qui est différente et qu’ils ne peuvent pas trouver ailleurs dans l’île de Montréal. Je pense que la première chose à regarder, c’est qui on laisse entrer », insiste-t-elle.