Pierre Anthian veut démocratiser l’accès aux prothèses dentaires grâce à une trousse qui permet de faire ses propres dents, à ses risques et périls.
Son idée provient d’un constat : de nombreux Québécois sont incapables de se payer des prothèses faites par un denturologiste professionnel, dont le prix peut dépasser 2000$. «Les experts considèrent que le Québec est un tiers-monde dentaire», illustre-t-il. C’est pourquoi il cherche à aider ces gens qui n’ont ni assurance privée, ni prestations d’aide sociale. Il se considère un genre de «travailleur humanitaire».
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«Aujourd’hui sur le web, on fait tout soi-même. On se maquille, on cuisine... Alors pourquoi pas apprendre à Monsieur et Madame Tout-le-monde à faire leurs dents eux-mêmes?», a demandé le prothésiste de formation à Denis Lévesque.
Comment ça marche?
Le site web de faismesdents.com suggère que la fabrication d’un dentier «est accessible à toute personne relativement habile de ses mains, qui possède déjà ses propres prothèses». Le kit se vend en ligne au prix de 425$ et contient le matériel nécessaire à la fabrication d’une prothèse.
Et le contenu de la trousse? «J’envoie un peu de plâtre, un peu de cire, de l’acrylique, et c’est comme des legos, c’est un jeu d’enfant.» Des instructions vidéo guident l’apprenti-prothésiste à travers les étapes de production.
Une fois l’empreinte des dents créée, il faut par la suite l’envoyer dans un laboratoire conventionnel. M. Anthian prétend qu’en moins de deux semaines, la prothèse est prête à être portée.
Le milieu grince des dents
Les denturologistes ont leurs doutes devant cette solution soi-disant miracle. Robert Cabana, président de l’Ordre des denturologistes du Québec, trouve la solution carrément «farfelue», entre autres parce que le matériel nécessaire à la fabrication d’une prothèse coûte plus que 425$. Pierre Anthian prétend que le matériel inclus dans sa trousse vaut environ 60$
Il estime ne pas entrer en compétition avec les prothésistes puisque les Québécois parce ses clients n’auraient pas les moyens de se payer leurs prothèses de toutes façons.
Qu’une personne sans formation en denturologie fasse ses propres ajustements de prothèses constitue un avantage, selon lui. «C’est pas un expert extérieur qui a étudié pendant 2000 heures, c’est vu de l’intérieur. C’est fort pour l’estime de soi, faire soi-même sa prothèse».
Il lançait son produit cette semaine et ne s’étonne pas de la réaction du milieu. «C’est normal que la profession grince des dents, on a toujours peur de la nouveauté.»